« Tcherkando Te » : le pari fou de Yamodja et Noah

Noah et Yamodja au Tcherkando Te

Cela va faire une année que le « Tcherkando Te » a ouvert ses portes sur l’avenue Mweka, au quartier de l’Académie des Beaux Arts, à Kinshasa. Lieu de rencontre et de formation, ici la culture se décline sous toutes ses formes. Reportage.

Il est presque 21h et les rues de Kinshasa sont tout aussi animées que pendant la journée. Entre les lampions posés sur les étales de l’avenue Mweka, les vendeuses occupées à griller et fumer leurs poulets, la musique guide les pas des curieux qui s’enfoncent dans cette avenue, située à quelques encablures de l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa. C’est dans cette avenue où se côtoient plusieurs styles de musique que Noah et Yamodja ont décidé de bâtir un temple dédié à la culture, il y a environ un an.

De la maison des horreurs au palais de la culture

Sur les murs externes du « Tcherkando Te » (un néologisme pour dire Je te cherche), les pères-fondateurs de l’indépendance africaine veillent sur les habitués du lieu. A l’intérieur, les couleurs des morceaux de pagne placés sur les murs se marient parfaitement avec les coussins en wax posés sur ce qui étaient autrefois des cageots destinés aux transports des fruits. « Tout ce que vous voyez ici a été fait à la main », explique Yamodja, un artiste pluridisciplinaire, qui a lui-même du mal à répertorier les différentes branches artistiques dans lesquelles il travaille. « Quand nous sommes venus ici pour la première fois, ça faisait plusieurs années que la maison était inhabitée. Les murs, le toit, tout était à refaire. Il y avait certes une tonne de boulots mais je me suis senti tout de suite chez moi», poursuit l’artiste entre deux gorgées de sa boisson fruitée. « Les habitants du quartier nous ont pris pour des fous, ils ne comprenaient pas qu’on puisse être intéressé par une maison aussi abîmée. Nous avons été chercher les cageots de bois sur lesquels vous êtes assis, on les a poncés nous mêmes pour en faire ce qu’ils sont aujourd’hui».

La formation au cœur des ambitions

Noah et Yamodja se connaissent depuis l’Académie des Beaux Arts, l’un est un artiste pluridisciplinaire, l’autre est architecte d’intérieur et directeur artistique, le mariage parfait pour tenir un lieu comme celui ci. « Nous avons voulu donner aux artistes un lieu pour se rencontrer, échanger, discuter culture mais aussi se former », indique Noah avant de poursuivre « chaque semaine nous programmons des activités artistiques. Notre but est aussi de se fédérer au niveau de la culture. Nous tenons à ce que toutes les générations se rencontrent ici mais aussi que toutes les disciplines culturelles puissent être déclinées pour le bonheur de nos clients.» Au « Tcherkando Te », la formation  artistique occupe une place importante. Yamodja et Noah reviennent souvent sur le fait qu’ils ont à cœur de former les jeunes aux différentes disciplines artistiques. « Nous avons énormément des talents au Congo qui ne demandent qu’à être encadrés. C’est dans ce contexte que nous avons un groupe de jeunes que nous formons depuis un certain temps. Mais ici aussi dans le quartier, nous avons commencé à former les jeunes, certains viennent par curiosité et ils finissent par rester.»

Riche de ses talents, le « Tcherkando Te » entend devenir à long terme la référence en terme de formation et rencontre culturelle.

  Nabintu Kujirakwinja