La dixième épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo (RDC) a franchi le cap de 300 décès en mois de cinq mois d'épidémie, a indiqué l'autorité sanitaire.
"Depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 515, dont 467 confirmés et 48 probables. Au total, il y a eu 303 décès (255 confirmés et 48 probables) et 179 personnes guéries", souligne le ministère de la Santé dans un bulletin quotidien publié jeudi soir et consulté par ACTUALITE.CD.
Ce seuil, redouté, a été franchi après que sept nouveaux décès ont été déclarés dont 2 à Kyondo, 2 à Katwa, 1 dans la ville de Beni, 1 à Malabako et l'autre dans la localité de Komanda.
"Tous sont des décès communautaires, excepté celui de Beni", précise le ministère de la Santé qui pilote la riposte contre cette épidémie meurtrière.
Dans son bulletin, le ministère fait en outre état de 10 nouveaux cas confirmés, dont 4 à Kyondo, 2 à Mabalako, 2 à Komanda, 1 à Kalunguta et 1 à Beni.
Le bilan pourrait encore augmenter, car 96 cas suspects sont en cours d'investigation. Plus dangereuse épidémie d'Ebola de l'histoire de la RDC depuis 1976, l'actuelle flambée durera encore plusieurs mois, a déclaré, lors de sa dernière conférence de presse, le ministre de la Santé, Oly Ilunga, qui saluait le travail "remarquable" des équipes de la riposte.
Grâce à l'intervention de ces équipes, 179 personnes ont déjà été guéries d'Ebola depuis la déclaration de l'épidémie le 1er août, selon un décompte officiel arrêté en date du 12 décembre.
C'est la première fois qu'Ebola frappe le Nord-Kivu et l'Ituri, deux provinces qui font face à des conflits armés depuis plus de deux décennies.
La majorité des cas et décès est rapportée dans le territoire de Beni, fief des Forces démocratiques alliées (ADF), une rébellion d'origine ougandaise.
Depuis 2014, cette rébellion sans revendication ni commandement connu sur le sol congolais, est responsable présumé d'une vague de massacres des civils dans le territoire de Beni. Un millier de civils ont été déjà tués, y compris une vingtaine de casques bleus tanzaniens et malawites.
Les violences de ces rebelles font déplacer des populations, ce qui complique la riposte également entravée par la résistance des communautés locales hostiles aux traitements.
Pire épidémie de l'histoire de la RDC, l'actuelle flambée est la première dans laquelle plusieurs traitements préventifs et curatifs sont employés pour protéger la population contre Ebola. Cette riposte inclue une vaste campagne de vaccination.
Depuis le début de la vaccination le 8 août 2018, 45.647 personnes ont été vaccinées dont 18.726 à Beni, 8.084 à Katwa, 4.950 à Mabalako, 4.276 à Butembo, 2.108 à Kalunguta, 1.663 à Mandima, 791 à Vuhovi, 750 à Masereka, 700 à Lubero, 633 à Komanda, 627 à Oicha, 599 à Mutwanga, 434 à Bunia, 381 à Kyondo, 355 à Tchomia, 314 à Musienene, 63 à Alimbongo et 13 à Kisangani, d'après le bulletin du ministère.
Le virus Ebola se propage par contact physique avec des fluides corporels infectés (sécrétions des muqueuses, salive, sueur, vomissures, matières fécales ou sang ) et provoque une fièvre hémorragique importante et une défaillance des organes qui peut entraîner la mort.
L'épidémie la plus meurtrière à ce jour s'est déclarée en Afrique de l'Ouest, en décembre 2013, et a duré plus de deux ans, faisant plus de 11.300 morts sur quelque 29.000 cas recensés.
Christine Tshibuyi