Cinq personnes ont été tuées la nuit de jeudi au quartier Rwangoma, dans la commune Beu, à Beni. Kambale Mitavo, 35 ans, rescapé de cette attaque sanglante, raconte le drame.
“Les rebelles se sont pointés devant la porte et nous ont obligés d'ouvrir. Nous avons refusé. Ils ont ouvert le feu sans faire des victimes. J'ai réussi à sortir par derrière en me faisant un petit trou, et après les autres m'ont suivi. Après les assaillants se sont rendu compte que nous venions de sortir. Ils nous ont poursuivi, ils ont tiré sur notre papa, une balle dans la jambe. La femme qui était avec moi a réussi à courir jusque dans la deuxième parcelle avant qu’elle ne soit abattue. Un enfant qui était avec nous dans la maison est porté disparu”, explique le témoin.
Une autre femme, qui tentait de s'échapper, a été tuée d’une balle dans la tête, tirée par un enfant combattant ADF, explique un autre témoin.
“Dans la même parcelle, on a tué quatre personnes par armes blanches et armes à feu. Il y a une femme qui a été tuée parce qu’elle a refusé de transporter les biens des assaillants. On lui a demandé d'abord de transporter les bagages, elle a refusé. Quand elle a tenté de s'échapper, un enfant ADF l'a poursuivie et a tiré sur elle. Elle s’est écroulée, puis l’assaillant s'est approché avant de l’achever par une balle dans sa tête. Les rebelles sont venus avec d'autres personnes et les ont exécutées sur place”, raconte à ACTUALITE.CD le témoin.
Dans la nuit du drame, plusieurs civils ont été contraints à transporter les biens des rebelles et de les suivre dans la forêt. Une fille de 18 ans, prise en otage, a réussi à s'échapper miraculeusement, raconte les témoins retrouvés sur le lieu du massacre ce matin.
“La fille, elle, avait accepté de transporter les bagages des assaillants. Ils ont dépassé Mangolikene, vers Mayangose. Elle a demandé, au chef de la bande, l'autorisation de se soulager. Un moment, l'un des rebelles a fait tomber ses bagages, ils se sont tous arrêtés. La fille a traîné les pas, elle est restée dernière, elle a éteint sa torche. Pendant que les assaillants ramassaient leurs affaires, la fille a pu disparaître. Les rebelles s'en sont rendu compte plus tard. Certains ont demandé à leur chef de poursuivre la fille pour la tuer. Mais le chef de bande a refusé”, expliquent deux femmes retrouvées à Kithahomba-Rwangoma.
Le même jeudi, 12 agriculteurs ont été tués dans la matinée à Mayangose, sur la rive gauche, par les combattants ADF. L'armée qui tentait de récupérer les corps des victimes s'est butée à une résistance de l'ennemi. Seuls deux corps ont pu être récupérés, selon le maire de Beni.
L'attaque au quartier Rwangoma intervient deux ans après celle qui avait fait au moins 50 morts dans une attaque attribuée toujours aux ADF.
Yassin Kombi