Le président de l'Union pour la Nation Congolaise (UNC), Vital Kamerhe, a accordé une interview ce samedi 1er décembre 2018 à ACTUALITE.CD. Il parle de son alliance inattendue avec Félix Tshisekedi pour la présidentielle du 23 décembre 2018.
J'ai choisi le président Félix Tshisekedi, premièrement parce que sur les 8 critères, il en remplissait plus de 80%. Je ne veux pas dire que, moi, j'en remplissais moins. Nous étions donc les deux qui remplissaient le plus grand nombre des critères pour être le candidat commun et ça, c'était l'opinion générale, au Congo, en Afrique et partout. Je me suis dit en âme et conscience parfois, quand vous êtes à deux en train de vous disputer quelque chose, il arrive aussi que le grand-frère dise non, je laisse au petit-frère car il est tout aussi compétent que moi. Et comme je l'avais écrit dans mon programme "J'aime le Congo, nous aimons le Congo, c'est donc, l’amour du Congo". Deuxièmement, je suis témoin de la lutte que le président Etienne Tshisekedi a mené pour la démocratie dans ce pays. Je me suis dit, pourquoi ne pas honorer la mémoire de ce grand homme. Troisièmement, je me suis dit, finalement, ce sont les hommes qui font la fonction et pas l'inverse, et, là, j'enchaîne en disant que nous pouvons servir le pays à n'importe quel niveau de responsabilité. C'est l'ensemble des efforts conjugués de tous les acteurs compétents, qui regardent dans la même direction, c'est-à-dire l'épanouissement du pays avec un projet concerté avec une vision commune. J'ai posé la question au président Félix Tshisekedi si nous nous mettons ensemble, est-ce que vous êtes d'accord que nous puissions fusionner nos deux programmes, nous nous sommes rapidement mis d'accord....
Un temps Kamerhe avait choisi Kabila avant de le quitter quelques années plus tard. Quel avenir pour Fatshivit ?
Les alliances sont basées sur des ententes, des ententes qui sont renfermées dans un projet de société, le projet de société qui renferme des objectifs pour rencontrer les attentes finalement de la population que nous sommes censés diriger. Vous ne pouvez pas vous imaginer qu'il y a beaucoup de Congolais, qui peuvent comme ça pour l'amour du pays, dire j'accepte pour mes convictions pour ce pays de démissionner comme président de l'Assemblée nationale. Donc il y avait une divergence profonde. Moi, je ne vois pas les politiciens au Congo, qui ont depuis 1960, gardé les mêmes alliances jusqu'à la fin, ça n'existe pas. Le président Étienne Tshisekedi est parti, il ne faut pas oublier qu'il avait partagé une vision que lui en tant que nationaliste croyant qu'il allait sauver le Congo. Mais quand il s'est rendu compte que son partenaire ne faisait plus ce qu'ils s'étaient convenus, c'est ça être homme d'État, il ne faut pas hésiter de reculer devant le mal. Les 13 parlementaires avaient rédigé une lettre et ils ont pris le courage de créer l'UDPS. La naissance de l'UDPS, c'est sur la base de la rupture d'une alliance. Je peux citer une multitude d'exemples que ça soit Kamitatu père, Munguludiaka, Kasa-Vubu et Lumumba....mais ce n'est pas ça le plus important, le plus important c'est de savoir vous vous mettez ensemble pour faire quoi?.
Certains parlent d'une alliance contre-nature...
Elle n'est pas contre-nature. Nous sommes tous des sociaux démocrates. Nous sommes tous de l'opposition. Moi, j'ai commencé ma politique dans l'UDPS et nous avons connu des problèmes.... Il ne faut pas croire qu'ici nous sommes dans une situation où Vital Kamerhe a accepté Félix Tshisekedi comme ça, non. Nous avons dit avec Félix Tshisekedi ce que nous allons faire..."
Qu'est-ce que vous allez faire ?
Nous allons tout de suite, après la prestation de serment, parce que nous sommes sûrs de gagner, nous installer à Beni. Nous avons confiance en nos militaires. Ils sont capables, bien organisés, bien motivés, de mettre fin à la tragédie de Beni. Notre plan opérationnel est connu, nous avons des axes : l'axe politique, l'axe sécuritaire, l'axe diplomatique, l'axe économique, l'axe humanitaire. Nous allons lutter contre les antivaleurs qui minent notre pays aujourd'hui. Et, pour lutter contre ça, il n'y a pas d'autres secrets que de restaurer l'État de droit avec toutes ses fonctions régaliennes. Nous allons puiser dans l'exemple de Jésus Christ. Nous serons au service du peuple et tous les flatteurs seront mis à l'écart. Nous ne serons pas là pour inaugurer, mais pour construire.
C'est quoi la raison de cette alliance ?
Nous regardons dans la même direction. Nous voulons le changement. Nous voulons la rupture. On doit arrêter la continuité, et nous sommes là pour le changement qualitatif de notre population sur tous les plans"
Interview réalisée par Stanis Bujakera Tshiamala