Avec 318 cas et 280 décès recensés, l’actuelle épidémie d’Ebola qui sévit au Nord-Kivu et en Ituri a surpassé en gravité celle survenue à Yambuku en 1976 (319 cas et 198 décès enregistrés). L’un des défis majeurs dans la réponse à cette épidémie demeure la sécurité des équipes de la riposte face à la résistance communautaire.
« Depuis leur arrivée dans la région, les équipes de la riposte ont dû faire face à des menaces, à des agressions physiques, à la destruction répétée de leur matériel, et au kidnapping. Deux de nos collègues de l’Unité Médicale d’Intervention Rapide ont même perdu la vie dans une attaque », s’est plaint Oly Ilunga, ministre de la santé.
Tout récemment, trois agents de la protection civile et un épidémiologiste ont été pris en otage brièvement par un groupe de miliciens Maï-Maï au niveau du village Matembo, situé sur la route entre Beni et Butembo, avait annoncé mercredi le ministère de la santé.
Dans un communiqué conjoint, le 8 novembre, le Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont également rapporté que les équipe de riposte « ont parfois rencontré des difficultés sur le terrain, où des décennies de conflit ont favorisé la désinformation et alimenté la défiance de certaines populations locales qui hésitent à autoriser les équipes de lutte contre Ebola à vacciner, à rechercher les contacts et à réaliser des inhumations en toute sécurité et dans la dignité ».
Pour la société civile locale, cette résistance communautaire s’est développée suite à un traumatisme collectif né de l’insécurité dans une région où plus de 1000 personnes ont été tuées depuis 4 ans.
« Nous avons fait une cartographie de la situation. La crise de protection a engendré une crise humanitaire et sécuritaire. Nous avons demandé à la délégation de nous aider à éradiquer le problème sécuritaire avant de nous attaquer ensemble à Ebola. La population de Beni est traumatisée et développe la résistance vis-à-vis de la riposte contre Ebola », a dit à ACTUALITE.CD Kizito Bin Hangi, président intérimaire de la société civile de Beni, au sortir de la rencontre le 7 novembre 2018 avec Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS et à Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint de l’ONU en charge des opérations de maintien de la paix, qui étaient en mission dans la région.
Dans un message de condoléances adressé à la population de Beni, le ministre de la santé a également souligné les efforts des équipes de la riposte dont le travail depuis plus de trois mois a permis d’éviter que cette épidémie ne se propage dans les autres provinces de la République Démocratique du Congo et dans les pays voisins.
« Parmi leurs réalisations, nous retenons particulièrement la vaccination, y compris dans des zones rouges, de plus de 27.000 contacts à haut risque, dont au moins la moitié aurait pu développer la maladie. Sans l’intervention rapide et efficace des experts nationaux et internationaux, c’est un drame d’une ampleur considérable que nous serions en train de vivre à l’heure actuelle. Pour ce courage, ils méritent toute notre reconnaissance », a dit le ministre.
Aujourd’hui, 91 personnes ont guéri et ont pu rejoindre leurs communautés, 5 500 personnes sont actuellement suivies au Nord-Kivu et en Ituri. Pour appuyer la riposte, près de 280 membres du personnel de l’OMS ont été affectés au Nord-Kivu, à l’appui de centaines d’autres intervenants déployés par le Ministère de la santé et d’autres partenaires.
Six centres de traitement ont été construits. Ces centres sont gérés par le Ministère de la santé et différents partenaires, notamment ALIMA, Médecins sans frontières et l’International Medical Corps. À chacun d’eux est affilié un laboratoire mobile chargé de diagnostiquer rapidement les cas et de guider le traitement.