Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, a estimé que seules les forces de sécurité et de défense de la RDC et la MONUSCO peuvent arriver à bout des ADF. Il a évoqué ausi la nécessité d’un plus grand engagement des pays de la sous-région.
« A partir de là, d’abord, pour être vraiment efficace, il faut un engagement régional, il faut un engagement des pays de la région tout entier pour défaire les groupes armés. Sinon, les chances d’y aboutir sont beaucoup plus faibles. Il faut un engagement national, évidemment, comme je l’ai dit, nous travaillons étroitement avec les autorités congolaises. Il faut un engagement local notamment des communautés, comme l’a rappelé mon frère Tedros, parce que sans l’appui des communautés qui souffrent, qui sont les premières victimes de ces groupes, nous ne pouvons rien faire. Mais, évidemment, il faut aussi travailler sur notre outil, l’outil de la MONUSCO, nos stratégies, nos postures en faisant en sorte que ce travail soit fait très conjointement avec nos collègues du Congo. Et là, je ne vais pas vous détailler, évidemment les éléments de la stratégie, ce serait un peu contreproductif puisqu’il faut quand même réserver la surprise à ceux qui en seront les principaux destinataires, je ne dis pas les principaux bénéficiaires, mais les principaux destinataires », a-t-il dit au cours de sa conférence de presse à Kinshasa ce jeudi.
Au niveau du gouvernement congolais, on estime également qu’il faut une stratégie qui intègre la participation des pays de la sous-région. C’est ce qu’avait soutenu également le coordonnateur intérimaire du Mécanisme National de Suivi de l'Accord cadre d'Addis-Abeba, Kasuku Mihali John, au cours de son entretien avec le Caucus des députés nationaux du Nord-Kivu, le jeudi 1er novembre.
Pour sa part, Jean-Pierre Lacroix a également souligné les particularités de la lutte contre les ADF et les autres groupes armés dans la région.
« Pour aller plus loin, s’agissant du défi sécuritaire, de l’activité des groupes armés, d’abord, il faut regarder ce à quoi on a affaire, on a affaire à des groupes qui sont de nature différente. Mais, ils sont tous dans un environnement qui est complexe, un terrain difficile, difficile d’accès, difficile à contrôler, un terrain frontalier en plus, très proche d’autres pays de la région et des groupes dont pour la plupart en tout cas, une partie des membres sont à la fois dans la population et hors de la population. Ils la font souffrir parce qu’ils se livrent à tous ces actes de violences et, en même temps, une grande partie, la plupart des membres de ces groupes sont immergés dans la population y compris les ADF. Parce qu’ils sont là depuis près de 30 ans dans le Nord-Kivu. Et donc, on parle pour l’essentiel de seconde ou troisième génération d’ADF tout à fait immergée dans la population », a-t-il ajouté.
Jean-Pierre Lacroix et Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), ont bouclé ce vendredi une mission conjointe débutée lundi dernier à Kinshasa.
Pendant leur séjour, ils ont rencontré les autorités congolaises au niveau national, le leadership du système onusien en RDC, les ambassadeurs et d’autres partenaires de la riposte. Avec Dr Oly Ilunga, ministre de la Santé, ils se sont rendus à Beni (Nord-Kivu) pour évaluer la situation sanitaire et sécuritaire.