La tension remonte d’un cran à Kwamouth, dans la province de Maï-Ndombe, où le député provincial David Bisaka Kezeza a lancé des accusations contre les éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC), dénonçant ce qu’il qualifie de "tracasseries militaires" à l’encontre des civils dans plusieurs villages du territoire. Des allégations aussitôt rejetées par l’armée, qui parle d’une tentative de manipulation de l’opinion.
Dans une déclaration publique adressée à la communauté provinciale et nationale parvenue à actualite.cd, l’élu de Kwamouth affirme qu’un " cachot souterrain" aurait été construit à Twa, chef-lieu du secteur Bateke sud, où seraient enfermés tous ceux qui refusent de se soumettre aux tracasseries militaires. Il accuse en outre des éléments incontrôlés des FARDC d’avoir tiré à bout portant sur un jeune homme à Ngambomi, aujourd’hui hospitalisé dans un état critique.
Une autre accusation concerne le décès tragique d’une femme âgée, Kepe Mbale, tuée dimanche par balle dans la commune rurale de Kwamouth. Le militaire mis en cause aurait, selon l’élu, confondu la victime avec sa concubine dans l’obscurité. Le corps de la défunte a été acheminé à Mushie pour inhumation.
David Bisaka fustige également la passivité des FARDC face aux exactions de la milice Mobondo. Il pointe du doigt l’instauration de barrières illégales à Kinsele, où les convoyeurs seraient contraints de céder 50 000 FC et deux sacs de manioc à chaque passage, et à Ngambomi, où les conducteurs de motos devraient payer 2 000 FC par course. Il dénonce enfin l’imposition d’une autorisation payante de 1 000 FC pour chaque journée de travail champêtre.
Face à ces accusations, les FARDC n’ont pas tardé à réagir. Dans un communiqué signé par le capitaine Antony Mualushayi, porte-parole des opérations Ngemba, l’armée qualifie les propos du député de " diffamatoires" et "mensongers". Elle rejette catégoriquement l’existence d’un quelconque cachot à Twa et accuse l’élu de mener une "campagne de désinformation " visant à discréditer les forces loyalistes au profit des miliciens Mobondo.
" Il est regrettable que David Bisaka attribue systématiquement aux FARDC les exactions perpétrées par cette rébellion, alors que nos militaires n’imposent ni taxes ni prélèvements illégaux aux cultivateurs dans l’espace Grand Bandundu",souligne le porte-parole militaire.
Selon lui, les véritables auteurs des violences sont bien les insurgés Mobondo, que le député serait en train de défendre " indirectement ". Il précise, : "Les FARDC rappellent à ce député qu'il est censé représenter l'ensemble des communautés de sa province et non se faire le porte-voix d'un seul groupe engagé dans un conflit armé. En protégeant indirectement les rebelles Mobondo, il met en péril la paix et la sécurité de ses concitoyens".
L’armée réaffirme sa détermination à neutraliser les miliciens Mobondo, malgré ce qu’elle considère comme un soutien politique local à la rébellion. Elle appelle à une prise de conscience collective pour garantir le retour de la paix dans le territoire meurtri de Kwamouth.
Jonathan Mesa