Dans le cadre du prix Nobel de la paix obtenu par Dr Denis Mukwege, les acteurs de la société civile ainsi que les professeurs d’université se sont prononcés sur la situation sécuritaire à Beni dans le grand nord du Nord-Kivu.
Au cours d'une conférence de presse organisée ce samedi 20 octobre 2018 à Goma, les acteurs de la structure citoyenne ainsi que les professeurs d'université ont qualifié de "silence coupable" les raisons qui sont à la base de l'insécurité à Beni.
Dans la nuit du 20 au dimanche 21 octobre 2018, au moins 12 civils ont péri dans une attaque attribuée aux présumés rebelles de l'ADF dans la commune de Rwenzori en ville de Beni.
Il s'agit, selon le professeur Kennedy Kihangi, de l'Université libre des pays des grands lacs (ULPGL) d'une situation due à un silence coupable de la part des dirigeants congolais. Pour lui, le prix Nobel obtenu par Denis Mukwege est une opportunité à saisir en vue d'envisager des solutions pour la situation qui prévaut à Beni.
- Le Prix Nobel, une opportunité pour alarmer sur la situation à Beni
"A Beni, beaucoup des femmes sont violées parce qu'il y a la guerre. C'est pourquoi nous devons saisir l'opportunité de ce prix pour demander à la communauté internationale pourquoi la guerre persiste à Beni. Sur place il y a la MONUSCO qui a comme mandat de protéger la population civile. Ce n’est pas normal que sous la barbe de la mission onusienne, nos femmes, nos enfants et nos frères meurent sans qu’aucune action ne soit menée. Pourquoi la lutte contre le M23 a pu se terminer et pas ce qui se passe à Beni?” s'est indigné le professeur Kihangi en demandant que justice soit faite.
Le professeur estime que le prix Nobel obtenu est une opportunité pour changer dans la donne au niveau diplomatique. La société civile plaide pour plus d’action de la part des dirigeants.
Pour Me Nelly Mbangu, Présidente du conseil d'administration de la dynamique des femmes juristes (DFJ), une organisation de la société civile qui œuvre dans l'accompagnement juridique et judiciaire des femmes victimes des violences sexuelles, les dirigeants du Congo doivent prendre leurs responsabilités pour mettre un terme aux massacres de Beni.
"La situation de la femme congolaise est alarmante. Ce qui se passe à Béni est révoltant. La plupart ce sont des femmes qui sont attaquées ne se préoccupent que de leurs champs. Mais, pourquoi sont elles les premières victimes?” s’offusque Me Nelly Mbangu qui en appelle à la responsabilité des acteurs “Ce qui se passe à Beni est une question de responsabilité. Cela se passe au vu et au su de tous: la Monusco et de tout le monde. Nous demandons au gouvernement d'être plus responsable, s’ils ne sont pas capables de permettre à la population de vivre en paix, ils n’ont qu’à démissionner et donner l’opportunité à d’autres de diriger” a-t-elle conclu.
Le 2 octobre dernier, à l’occasion de la commémoration des 4 ans depuis le début des massacres de Beni, la société civile a indiqué que plus de 2 000 personnes ont déjà été tuées par les présumés ADF, actifs dans la zone depuis les années 90.
Jonathan Kombi