Affichage des listes provisoires des électeurs: A quoi ça sert ?

Photo ACTUALITE.CD

La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a débuté, le lundi 3 septembre, l’opération d’affichage des listes provisoires des électeurs en prévision des élections du 23 décembre 2018. Au mois de mai dernier, les experts de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) avaient signalé la présence de 16,6% d'électeurs sans empreintes digitales après l’audit du fichier électoral. Selon Luc Lutala, expert en questions électorales, l’affichage des listes des électeurs permettra aux parties prenantes de se rendre compte de différents griefs portés à l’opération d’enrôlement des électeurs telle que menée par la CENI.

Concernant les 16,6% d’électeurs enrôlés sans empreintes digitales, Martin Fayulu, président du parti d'opposition Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDé), s’était posé la question de savoir si le nombre de ces électeurs sans empreintes ne pourrait pas servir d’un stock des voix pour la Majorité présidentielle (MP). Même préoccupation pour  le député national, Sam Bokolombe, initiateur de l'Alliance des Démocrates pour le Redressement du Congo (ADUR). Le député avait appelé la CENI à radier du fichier électoral, les 16,6% d'électeurs sans empreintes.

« On ne peut pas dire que ce fichier est inclusif, exhaustif et actualisé et trouver dans ce même fichier 16,6% d'électeurs sans empreintes digitales. Qui sont-ils ? Des fictifs ? Si vous affinez l’analyse, vous trouverez qu’il y a environ 24% d'électeurs de ce fichier qui présentent ce problème d’empreintes digitales. C’est grossier, c’est dangereux. On a l’impression qu’ils ont un réservoir d’environ 10 millions d’électeurs. C’est cela la fraude. Depuis le début de cette opération, j’ai analysé pas-à-pas ce processus. Ce fichier est faux. Il fallait simplement radier cette population dans un premier temps et produire un fichier corrigé. Ensuite, il faut afficher dans tous les bureaux où il y a eu enrôlement. Et il faut créer un site de la CENI pour afficher tous les noms par circonscription, comme ça il y aura un contentieux qui s’ouvrira", avait déclaré Martin Fayulu, le 28 mai.

La même préoccupation a été relayée également par le député national Sam Bokolombe, autorité morale de l'Alliance des démocrates pour le Redressement du Congo (ADUR), qui avait appelé la CENI, de son côté, à radier du fichier électoral, les 16,6% d'électeurs sans empreintes.

« Pourquoi ces électeurs manquent-ils d'empreintes, et lorsqu'on doit ajouter les 2,3% des cartes qui ne sont pas retournées à la CENI, il y a de quoi s'inquiéter. Lorsque vous prenez toutes ces situations suspectes, ça fait 25%, ça fait 10 millions 250 mille électeurs”, avait déclaré Bokolombe au cours d'une matinée politique.

Ce qu’en pense l’expert

Pour Luc Lutala, expert sur des questions électorales, l’affichage de la liste des électeurs répond aux règles de transparence et d’accès à l’information ou encore de l’objectivité.

«Si on peut saluer que cet affichage se fasse maintenant, il faut quand même déplorer qu’elle se fasse tardivement. Parce qu’en réalité après l’affichage de la liste provisoire, la CENI devra par la suite afficher la liste définitive des électeurs. Cette liste doit comporter toutes les personnes qui ont réellement le droit de pouvoir voter», avait-il dit.

L’importance d’afficher les listes des électeurs

«Du point de vue de la transparence, cet affichage rend publique la liste intégrale des électeurs et permet de vérifier par les parties prenantes au processus électoral, les différents griefs portés à l’opération d’enrôlement des électeurs telle que menée par la CENI. En même temps, il permet à chaque électeur de savoir s’il fait partie réellement de cette liste et si ses droits sont reconnus. Cela pourra permettre de résoudre les questions des doublons, des personnes sans empreintes, etc», explique Luc Lutala.

D’après l’expert sur des questions électorales, les personnes vivant avec handicap et particulièrement celles qui ont des doigts amputés ne devraient pas être marginalisées. Il estime, par contre, que le véritable problème sur cette question des électeurs sans empreintes serait lié à la proportion de 16,6 %.

«Il sera souhaitable que la CENI accepte également la vérification de la fiabilité du fichier électoral telle qu’exigée par la société civile », a-t-il conclu.

 

Lise Kensey et Nicky Dedeakwa stagiaires/UCC

JDC