<b>En territoire de Djugu, plusieurs villages restent vidés de leurs populations, depuis décembre dernier, à cause des violences entre les membres des communautés Lendu et Hema. Les militaires et les policiers déployés s’activent à rétablir la sécurité dans cette zone.</b>
Des milliers de personnes ont fui Djugu pour trouver refuge en Ouganda et d’autres vivent dans un camp érigé à l’Hôpital général de référence de Bunia. Les personnes déplacées ne sont pas encore prêtes à retourner dans leurs villages suite à la situation sécuritaire précaire.
«<em>La situation s’est améliorée un peu mais beaucoup restent à faire</em>», a confié le président de la société civile de l’Ituri, Jean Bosco Lalo, qui évoque des cas d’insécurité «isolés» qui se poursuivent dans le territoire de Djugu. « <em>Il y a des incendies des maisons, des tueries qui continuent. Les assaillants se sont réfugiés au bord du Lac Albert où ils occupent encore les villages</em> », ajoute-il.
Mardi dernier, lors du Conseil des ministres du gouvernement, les autorités avaient reconnu que l’Etat n’avait plus le contrôle du littoral du Lac Albert où les assaillants «<em>non-identifiés, jusque-là</em>» se sont retranchés.
Localement, l’administrateur du territoire de Djugu aspire au retour «<em>progressif</em>» de la paix dans sa juridiction. « <em>Depuis pratiquement le début de cette semaine, nous assistons à un calme relatif et c’est un signe précurseur du retour de la paix</em> », a témoigné Alfred Bongwangela.
Ce jeudi, le marché de Bule, grand centre commercial situé à environ 85 km au nord de Bunia, a fonctionné.
«<em>Je suis au marché de Bule, dans la chefferie de Bahema Badjere, les marchands ont quitté Bunia, Kpandroma et Djugu et sont arrivés à Bule. C’est dans ce cadre-là que la sécurité a été déployée et les forces armées essayent de remettre l’accalmie</em> », a expliqué le capitaine Jules Ngongo, porte-parole militaire en Ituri.
<b>Pacification de l’Ituri</b>
Autrefois déchiré par les guerres interethniques entre les communautés Lendu et Hema, débutées en 1999, une «Commission de Pacification de l’Ituri » (CPI) avait été mise en place en 2003 pour trouver des solutions à la crise installée à l’époque dans cette partie du pays.
Mardi, le gouvernement a évoqué la possibilité d’organiser dans les jours à venir une nouvelle conférence sur la paix en Ituri. «<em>Le Gouvernement a décidé d’organiser une conférence sur la paix en Ituri dans le meilleur délai</em>», lit-on dans le compte-rendu du Conseil des ministres.
En Ituri, cette option n’est cependant pas apprécié par la société civile qui évoque comme « <em>priorité</em> » «<em> la neutralisation des assaillants et le retour des déplacés</em> » à Djugu.
«<em>On ne peut pas faire une conférence sur la paix maintenant en Ituri parce que les déplacés ne sont pas encore rentrés à Djugu. Comme ce n’est pas un conflit interethnique, l’État doit d’abord anéantir les assaillants par tous les moyens qui existent sinon ça serait cautionner ce qui se passait là-bas. Nous n’avons pas besoin de la conférence maintenant. Pour nous, il faut que les gens rentrent dans leurs villages, à Djugu, et s’il y a des questions par rapport au développement nous pourrons en parler</em> », a martelé Jean Bosco Lalo, président de la société civile de l’Ituri.
L’armée congolaise (FARDC) a parallèlement lancé, il y a deux mois, l’opération dénommée « <em>Tunapenda amani</em> » (Nous voulons la paix) pour « <em>pacifier</em> » l’Ituri.
Selon les autorités, une centaine de personnes ont été tuées, plus de deux mille cases incendiées depuis le début des violences communautaires à Djugu. Plus de 57 000 personnes se sont réfugiées en Ouganda.
<b>Patrick Maki</b>