Quand une bactérie évolue et devient résistante aux antibiotiques utilisées pour traiter les infections dont elle est responsable, cela s’appelle antibiorésistance. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère ce phénomène comme une crise sanitaire mondiale. A titre illustratif, un demi-million de personnes ont développé la tuberculose multi-résistante en 2014, avec un nombre de morts estimés de 210 000. Et en Afrique, malgré l’indisponibilité de données dans 40% des pays, il existerait un haut niveau de résistance des bactéries aux antibiotiques les plus couramment prescrits.
<em>« Une épidémie de fièvre typhoïde multirésistante se propage dans plusieurs régions d’Asie et d’Afrique. Et, même lorsque les meilleurs soins sont disponibles, seule la moitié des cas de tuberculose multirésistante est soignée avec succès. Rares sont les produits de remplacement en perspective, et le monde s’achemine vers une ère postantibiotiques où des infections courantes redeviendront mortelles. Ce sera alors la fin de la médecine moderne telle que nous la connaissons. Si les tendances actuelles se confirment, certaines interventions sophistiquées, comme la transplantation d’organe, les prothèses articulaires, la chimiothérapie anticancéreuse ou les soins des enfants prématurés, deviendront bien plus difficiles, voire trop dangereuses pour pouvoir être tentées »,</em> avait déjà alerté Dr Margaret Chan, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé au cours de la réunion des Ministres de la santé du G7 à Berlin, en 2015.
L’OMS remarque que la médecine perd de plus en plus d’antimicrobiens d’usage courant à mesure que la résistance des agents pathogènes s’accroît. Selon plusieurs études, les traitements de deuxième intention sont moins efficaces, plus coûteux, plus toxiques et parfois très difficiles à administrer.
<em>« Cette résistance aux antibiotiques peut être causée par une prescription excessive d’antibiotique, des patients qui ne terminent pas leur traitement, des pratiques inadéquates de lutte contre les infections dans les établissements de la santé, un manque d’hygiène, un usage excessif des antibiotiques dans l’élevage et la pisciculture »,</em> a expliqué Dr. Laetitia Gahimbare, administratrice technique au Desk Résistance aux antimicrobiens au bureau Afrique de l’OMS. C’était au cours d’un atelier organisé par l’OMS à l’intention des 26 journalistes de la RDC et du Congo ce mardi 14 novembre 2017 à Brazzaville en marge de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques. Le thème de cette année est d’ailleurs très explicite: <em>« demandez conseil à un professionnel de la santé qualifiée avant de prendre des antibiotiques ».</em>
[caption id="attachment_29731" align="alignnone" width="1080"]<img class="wp-image-29731 size-full" src="https://actualite.cd/wp-content/uploads/2017/11/ATELIER-OMS.jpg" alt="" width="1080" height="810" /> Atelier des journalistes en marge de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques[/caption]
Un plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens a été présenté aux journalistes présents à l’atelier. Ce document fixe cinq objectifs stratégiques : améliorer la sensibilisation, renforcer la surveillance et la recherche, réduire l’incidence des infections, utiliser ces médicaments à bon escient et assurer des investissements durables, y compris en matière de recherche-développement pour les produits de remplacement et l’amélioration des outils de diagnostic.
La commémoration de la semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques s’étale du 13 au 19 novembre 2017.