Dans une tribune envoyée à ACTUALITE.CD, Jean-Michel Kayumba, médecin et directeur de l’ONG Hope For Africa Foundation, détaille les objectifs du Manifeste du Citoyen Congolais mis en place le 19 août dernier à Paris, en France, par certaines organisations de la société civile et des personnalités. Jean Michel Kayumba explique notamment que ce Manifeste vise le retour à l’ordre constitutionnel qui passe, selon ses initiateurs, par l’application de l’article 64 de la constitution.
<strong>Lire ci-dessous l'intégralité de sa tribune</strong>
Le Manifeste du Citoyen Congolais émane des consultations entre les forces vives de la nation, organisations de la société civile les plus représentatives en République Démocratique du Congo, répondant à l’appel des évêques catholiques qui, dans leur réquisitoire, sont arrivés à conclure que le "<em>pays va mal</em>" et que les Congolais devraient se mettre debout et agir.
Au-delà de l’appel très patriotique des prélats catholiques, un certain nombre de constats en forme de réquisitoire a été évoqué, notamment :
<ul>
<li>La faillite de l’Etat</li>
<li>La grave et vertigineuse détérioration des conditions sociales de la population congolaise “<em>souverain primeur</em>“</li>
<li>L’insécurité généralisée</li>
<li>Les violations répétitives des droits des citoyens.</li>
<li>La crise de légitimité résultant de la fin de mandats des sénateurs, parlementaires et du président de la République.</li>
<li>Le refus volontaire par la CENI, en complicité bien entendu avec le gouvernement, d’organiser les élections dans le délai constitutionnel, privant de ce fait le souverain primaire du droit élémentaire de se choisir ses propres dirigeants/délégués tel que repris dans la constitution de la République démocratique du Congo ainsi que la déclaration universelle des droits de l’homme.</li>
<li>De la caducité de l’accord de la Saint-Sylvestre (Accord du 31 décembre 2016) dont la substance a été vidée du fait du non-respect des dispositions telles que stipulées par la lettre et l’esprit de l’Accord, lequel offrait une légalité circonstancielle, consensuelle et limitée dans le temps aux institutions en place afin de garantir une alternance pacifique après organisation des élections apaisées et crédibles et passation de pouvoir entre les institutions sortantes et les institutions entrantes.</li>
</ul>
<b>DÉMARCHE CITOYENNE</b>
La démocratie étant par essence l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple.
Le pouvoir appartenant au souverain primaire (le peuple) de qui seul émanent tous les pouvoirs (législatifs, exécutifs...) et l’exerçant par DÉLÉGATION.
La délégation du pouvoir définit comme étant une relation contractuelle dans le temps et dans l’espace bien déterminé par la loi fondamentale (la constitution) entre le délégant (souverain primaire) et les délégués (le président de la République, les sénateurs, les parlementaires, les gouverneurs...)
Les termes, le temps et l’espace étant définis dans la loi fondamentale, toute violation à cette loi par les délégués donne de plein droit la latitude au délégant (le souverain primaire), initiateur de la relation, de ressaisir le pouvoir et d’empêcher à tout individu ou groupe d’individus d’exercer le pouvoir par la force et en violation des prescrits et termes de la relation contractuelle et cette prérogative lui est reconnue par la constitution dans son article 64 alinéa 1.
Cette démarche a le mérite d’être dans la logique de la constitution par le fait que :
<ol>
<li>Les initiateurs et signataire du Manifeste Citoyen n'ont qu’une seule ambition : LE RETOUR À L’ORDRE CONSTITUTIONNEL et pas la conquête du pouvoir, car par essence les organisations de la société civile n’ont pas d’ambitions de conquête du pouvoir, de ce fait l’article 64 alinéa 2 ne peut en aucun cas être appliqué à cette composante.</li>
<li>Contrairement à l’argument selon lequel il s’agit d’une démarche insurrectionnelle, il faudra être honnête et lire “ Le manifeste du citoyen congolais “ qui insiste sur le caractère non-violent de ses actions et n’envisage en aucun cas faire recours à la force qui confère le caractère insurrectionnel à la démarche.</li>
</ol>
Le manifeste a le mérite de prôner le retour à l’ordre constitutionnel par l’usage de tous les moyens pacifiques et légaux lui reconnus par la constitution.
De ce qui précède, le Manifeste du Citoyen Congolais relève que Mr Joseph Kabila exerce le pouvoir par défi, par la force et en violation des prescrits de la constitution et n’est couvert par aucune légitimité. D’où, la seule démarche qui reste c’est la reprise en main du pouvoir qui lui a été confié par le peuple et d’assurer le retour à l’ordre constitutionnel, usant des prérogatives de l’article 64 alinéa 1.
En utilisant tous les moyens de pressions pacifiques et non-violentes, le Manifeste exige:
<ul>
<li>Le départ de Mr Joseph Kabila</li>
<li>L’organisation d’une transition avec des animateurs indépendants et crédibles pour des élections apaisées et transparentes.</li>
<li>La libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques et d’opinions.</li>
<li>La réouverture des médias fermés</li>
</ul>
Le Manifeste du Citoyen Congolais est avant tout une affaire des citoyens congolais dont l’objectif ultime est de regagner la dignité humaine ainsi d’assurer l’avenir de la postérité. De ce fait, il se veut un mouvement de masse pour des actions PACIFIQUES ET NON-VIOLENTES de pression.
Le Manifeste du Citoyen Congolais est un coup dur pour le régime en place, avec des stratégies de pointe, un grand engouement pour adhérer du fait de la clarté et de la non ambiguïté de ses objectifs qui correspondent aux aspirations profondes du peuple congolais meurtri.
Nous sommes en passe de voir une véritable inversion de rapport des forces qui évoque déjà une agitation visiblement manifeste à travers des sorties médiatiques des cadres de la majorité présidentielle ainsi qu’une récente réunion dans la ferme de Kingakati dont le point focal était LE MANIFESTE DU CITOYEN CONGOLAIS. Bref, une ambiance de panique dans le camp de la majorité présidentielle et ambiance de grande mobilisation suscitant de l’espoir dans le camp du peuple congolais qui ne jure que par le Manifeste du Citoyen Congolais, article 64.1