“Moise Katumbi n’a interdit à personne de présenter sa candidature à la magistrature suprême” - (Kamitatu)

Le porte-parole de Moise Katumbi dénonce l’attitude de certains opposants qui estiment que l’union autour de la candidature de l’ancien gouverneur du Katanga à la prochaine présidentielle fragilise l’ensemble de l’opposition congolaise. Dans une interview mercredi 5 juillet 2017 à ACTUALITE.CD, Olivier Kamitatu pense qu’il y a des opposants instrumentalisés par le pouvoir en place, et rappelle que le combat du Rassemblement des forces politiques et sociales de l’opposition demeure l’alternance démocratique au pays.

<b>Que dites-vous à ceux qui pensent qu’une partie de l’opposition entretient la politique qui profite à Moïse Katumbi seul fragilisant ainsi le Rassemblement ?</b>

Il s’agit là d’une lecture partiale de la réalité politique du pays. Aujourd’hui, l’objectif poursuivi par le Rassemblement c’est d’obtenir l’alternance. De prime abord, je vous rappelle le rôle joué par Moïse Katumbi qui s’est investi dans la réunification de l’opposition. Avec feu Étienne Tshisekedi, ils ont été les deux grands artisans du Rassemblement. Cela nul ne peut le nier. Et Moïse Katumbi n’a pas agi à des fins personnelles mais dans le but de favoriser l’unité et l’efficacité dans la lutte contre la dictature. Preuve en est, afin d’éviter l’échec des accords de la Saint-Sylvestre et alors que nous y étions tous opposés, Moïse Katumbi nous avait demandé de ne pas mettre son cas en avant. Pour obtenir la signature de l’Accord le 31 décembre à minuit, il avait volontairement renoncé à la prise en compte de son dossier personnel qu’il avait laissé entre les mains des évêques. Peut-on dire aujourd’hui qu’il a pris en otage le processus ou encore le Rassemblement ? Il faut par contre reconnaître que, nombre d’opposants qui avaient déjà été débauchés par le pouvoir, n’avaient d’autres prétextes à brandir pour rassasier leur boulimie de pouvoir que le seul nom de Moïse Katumbi. Sachant que ce dernier épouvante le régime, ils ont vite compris les avantages immédiats qu’ils pouvaient tirer à se positionner contre Moise Katumbi. Au grand dam de certains oubliés de la majorité, ils sont devenus les derniers commensaux du régime. Malheureusement pour eux, le nombre de places est limité. Et, pour les quelques miettes de fin de repas car la table est desservie, ils ont bradé leur honneur et perdu toute dignité. Il faut que vous sachiez que lorsque Moïse Katumbi sillonne le monde pour parler de la tragédie congolaise, il le fait à ses frais. Celui qui se détourne aujourd’hui de ce combat pour entretenir la division et semer la zizanie sert en réalité les intérêts du dictateur. Ceux qui critiquent sont bien malheureusement souvent les suppôts de la Majorité. Leurs propos tiennent de la distraction pure et simple. Ils ne se soucient en rien du bien de la population congolaise. Aujourd’hui, le peuple a appris à savoir faire la distinction. D’ailleurs en fin de compte, Moise Katumbi n’a interdit à personne de présenter sa candidature à la magistrature suprême. Les prochaines élections permettront aux Congolais de choisir en toute liberté et transparence la meilleure offre politique et celui qui sera capable de la porter pour transformer le pays et y changer la vie. Et, pour Moïse Katumbi, je peux vous l’assurer, le choix libre et responsable du peuple, après tant de souffrances endurées du fait de la confiscation du pouvoir par une petite clique accrochée aux avantages de leurs fonctions, sera déjà une grande victoire !

<b>Comment expliquez-vous le rapprochement davantage entre Sindika Dokolo, Félix Tshisekedi et Moïse Katumbi ?</b>

L’actualité récente démontre que Sindika Dokolo, Félix Tshisekedi et Moise Katumbi sont en phase dans ce combat pour l’alternance démocratique en RDC. Chacun, avec sa sensibilité, comprend la nécessité d’un combat commun, citoyen et pacifique, dans la droite ligne de l’appel des évêques de la CENCO à l’ensemble du peuple congolais. Chacune de ces personnalités agit conformément à sa conscience et chacune dans son registre. Tous les trois entretiennent d’excellents rapports cimentés aujourd’hui par la nécessité de sortir notre peuple de la misère grave dans laquelle l’a plongé l’incurie du pouvoir actuel. Cette rencontre et cette poignée de main est symbolique. C’est plus qu’un engagement, c’est un véritable pacte noué pour unir les efforts, engager les actions et joindre le geste à la parole. Les trois personnalités ont fait serment qu’il n’y aura pas de troisième dialogue, qu’aucune excuse ne sera tolérée pour accepter une quelconque extension du mandat de Joseph Kabila au-delà de 2017, et qu’ils feront tout pour permettre au peuple congolais de se choisir librement ses futurs dirigeants par des élections crédibles, transparentes et inclusives.

<b>Vous ne craignez pas que ceux qui s'affichent trop aux côtés de Katumbi subissent d’ennuis du pouvoir ? </b>

C’est loin d’être une crainte, c’est une certitude et déjà malheureusement une réalité ! Aujourd’hui, à Lubumbashi, Kinshasa, Goma, des centaines de compatriotes sont privés de liberté à cause de leurs liens avec Moïse Katumbi. Ce sont beaucoup de familles brisées, d’enfants privés de leurs pères. Leur besoin de consolation est aujourd’hui impossible à rassasier. Certains prisonniers ont été torturés dans les cachots de Monsieur Kalev. C’est beaucoup de souffrances et de larmes ! Je dois évoquer également les collaborateurs contraints, malgré eux, à fuir leur pays et qui sont en exil. Katumbi fait peur à Joseph Kabila et à ses amis. Et ce sentiment va croissant, car les mois, les semaines et peut-être les jours de ce pouvoir qui navigue à vue sont comptés ! Comme le régime n’a pour unique réponse que la violence qu’il organise en y mettant toute sa science, sa malignité et son savoir-faire, et qu’il considère que Moïse Katumbi est l’unique cause de l’échec de son complot contre la démocratie, alors il exerce la violence contre des innocents. Mais en dépit de cette répression aveugle, et même à cause d’elle, le nombre des partisans ne fait que croître. Il en est de même de leur détermination qui se renforce chaque jour davantage face à un régime qui est vomi.

<b>Katumbi a finalement peur de la prison contrairement à d’autres opposants détenus ?</b>

Il faut vraiment faire la part des choses entre accepter une injustice pour ses convictions politiques et le fait de se livrer benoîtement non pas à la justice mais à des individus qui ont pris en otage un pays et ont transformé les instances judiciaires en instrument d’une politique de répression systématique contre les opposants. Est-il utile de rappeler que Moïse Katumbi avait comparu devant le Parquet général de Lubumbashi.  A plusieurs reprises, il a répondu de son plein gré aux convocations et auditions qui en ont découlé. Face à l’échec de ce qui apparaissait juridiquement comme une accusation fantaisiste, ses adversaires ont eu recours à la plus ignoble des entreprises, à savoir une agression physique. (...) Il ne peut par sa propre volonté, disposer de sa liberté pour foncer tête baissée dans un piège grossier, se livrer à des bourreaux dont les intentions hostiles ne sont plus à démontrer et hypothéquer par son absence toute chance de victoire contre la dictature. La liberté de mouvement de Moïse Katumbi est un élément essentiel dans le combat pour la libération du peuple congolais. L’Opposition a déjà bien assez du martyr de ses dignes représentants comme Franck Diongo, Jean Claude Muyambo, Huit Mulongo, Eugène Diomi qui croupissent injustement dans les prisons de Kabila. On ne fera pas au dictateur un cadeau en lui livrant la tête de Moïse Katumbi.

<b>Interview réalisée par Patrick Maki</b>