"La situation va de mal en pis et le gouvernement a une grande part de responsabilité" - (N'shole)

Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD ce mardi 27 juin 2017, le secrétaire général de la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) a souligné que la dernière déclaration des évêques faite le vendredi 23 juin dernier était dans le cadre de la mission "prophétique", c’est-à-dire d’être des "éveilleurs" de la population, d’être la sentinelle de la communauté, dénoncer et annoncer à temps et à contre-temps pour le bien-être du peuple congolais.

<strong>"Debout congolais", c’est le thème du message que vous avez lancé à l’issue de votre séminaire avec les évêques. Que cela signifie-t-il ?</strong>

Après avoir pris conscience de la situation du pays qui va de mal en pis, ayant considéré le fait que malgré leur interpellation les politiciens à tenir compte des aspirations profondes de la population notamment en respectant de bonne foi l’accord, les évêques ont décidé de s’adresser directement à les populations pour éveiller leur conscience, leur faire comprendre qu’elles doivent prendre leur destin en main, que l’homme politique congolais n'est pas de bonne foi.

<strong>Ça sous-entend quoi prendre leur destin en main ?</strong>

C’est-à-dire qu'ils doivent arriver à faire pression, à montrer aux politiciens qu’ils ne sont pas d’accord avec eux, ils doivent tenir compte de leurs aspirations. C'est pour cela que les évêques ont organisé à travers la CENCO une campagne de sensibilisation aux manifestations pacifiques pour que ça ne soit pas non plus une anarchie

<strong>Vous avez initié une campagne de sensibilisation ?</strong>

La campagne a été lancée vendredi.  Maintenant, les commissions diocésaines "Justice et paix" vont s’y mettre, elles vont éduquer et sensibiliser les populations pour les aider à réagir de façon constitutionnelle,  à défendre leurs droits

<strong>La campagne va durer combien de jours ?</strong>

Je sais seulement qu’elle a commencé mais je n’ai pas les détails de timing. Mais, ça dépend aussi d’un coin à un autre parce que la mobilisation n'est pas la même partout.

<strong>Quelle est la responsabilité des uns et des autres dans cette situation de crise qui sévit dans le pays ?</strong>

Je ne veux pas entrer dans les détails de partage de responsabilité. Ce qui est certain, c'est que les uns et les autres sont responsables. Evidemment ceux qui gouvernent ont plus de responsabilité que les autres qui ont aussi leur part et donc la chose que les évêques veulent ce qu’on respecte de bonne foi l’accord parce qu’ils sont convaincus que c’est l’unique feuille de route capable de sortir pacifiquement le pays de cette crise qui ne fait que s’aggraver.

<strong>Cependant, du côté gouvernement, on accuse la CENCO de n’avoir pas désigné le mal par son nom ?</strong>

Ça, ce sont des spéculations politiciennes, on ne spécule pas avec la vie humaine. Vous voyez la  réalité souffrante et vous allez dire que le gouvernement n’a rien à voir avec cette souffrance-là ?

<strong>Le porte-parole du gouvernement vous accuse d’avoir soutenu ceux qui veulent la balkanisation de la RDC à l’Assemblée générale des droits de l’homme à Genève. Qu’en dites-vous ?</strong>

Ça n’a vraiment simplement pas de sens. Vous savez que la CENCO c’est l’institution qui a organisé, il y a quelques années, une marche au niveau national pour dire non à la Balkanisation et les évêques sont parmi les rares personnes qui sont cohérentes dans leurs façons d’agir. Ils ne sont pas comme les politiciens qui disent le contraire de ce qu’ils croient. Dans le dernier message des évêques, ils font allusion à la balkanisation dans le sens de condamner. Ils sont inquiets

<strong>Quel est le rôle que la CENCO compte jouer dans la situation politique actuelle ?</strong>

Les évêques demeurent fidèles à leur mission prophétique, c’est-à-dire d’être des éveilleurs de la population, d’être la sentinelle de la communauté, dénoncer et annoncer à temps et à contre-temps pour le bien-être du peuple congolais.

<strong>On vous accuse d’avoir un penchant pour le Rassemblement de l’opposition</strong>

Pour quel gain ? Qu'est-ce qui garantit que l’opposition où le Rassemblement fera mieux demain ? On a aucune garantie. Les évêques n’ont aucun agenda avec l’opposition, la préoccupation des évêques aujourd’hui, c’est une solution durable pour améliorer les conditions de vie des Congolais.

<strong>Votre dernier mot ?</strong>

J’aimerai que les évêques soient bien compris. Ils ont parlé comme les prophètes. Leur message se termine par une invitation à la prière et n’a aucune ambition politique. Jamais un évêque, même pas un prêtre, ne sera candidat au niveau provincial ou national.

<strong>Stanys Bujakera</strong>