Enquête aux Kasaï : Sesanga demande à Kinshasa de garantir des largesses aux Envoyés internationaux et régionaux

Le président de l’Envol, Delly Sesanga, demande aux autorités congolaises de favoriser l'accès des experts internationaux et régionaux qui seront envoyés pour travailler avec Kinshasa dans l'enquête sur les circonstances de l’assassinat de deux experts de l’ONU en mars dernier au Kasaï.

Le député national Delly Sesanga dit, par ailleurs, regretter la « fanfaronnade » de Kinshasa après que l’Union Européenne a retiré sa proposition d'enquête internationale. « <em>Nous voulons que justice soit rendue à toutes les victimes</em> », a-t-il  dit ce samedi 24 juin 2017 dans une interview accordée à ACTUALITE.CD

<strong>Quelle est votre réaction face au déroulement des débats à Genève, au sujet d’une enquête internationale au Kasai ?</strong>

Les discussions avec les différents protagonistes sur la question de notre pays, vous avez suivi l’adoption de la résolution du Conseil des Droits de l’homme sur la mission d’enquête en ce qui concerne les massacres aux Kasaï. Et vous savez que c’est un sujet qui nous porte à cœur. En dépit de la fanfaronnade des uns et des autres, on peut noter que la communauté internationale est de cœur avec la population congolaise en ce qui concerne l’établissement de la paix et de la justice pour ces martyrs que ces populations subissent au quotidien, dans cette partie de la République. Nous espérons que les autorités du pays sauront accorder à ces enquêteurs, dans le cadre de leur mission, les largesses nécessaires afin que la paix soit rétablie et que la justice soit rendue quels que soient les auteurs de ces faits.

<strong>Êtes-vous déçu, car il n'y aura pas une enquête internationale aux Kasaï ?</strong>

Je ne suis pas déçu. Nous savons que les organisations internationales sont des lieux où ne s’affrontent pas les valeurs en tant que telles, mais c'est plutôt la diplomatie des Etats qui s’affronte pour créer des intérêts. Nous n’étions pas surpris de voir notre propre pays être mobilisé contre la transparence sur ce dossier. En mon sens, cela ne méritait qu’une enquête indépendante pour établir les faits. En dépit de cela, la formulation du compromis sur la résolution pourrait aider d’un pas nécessaire à rétablir la vérité. Nous sommes pour que la vérité soit établie, nous sommes favorables à la justice.

<strong>Pour le pouvoir en place, il s’agit d’une victoire diplomatique sans précédent...</strong>

Non, ça c’est une fanfaronnade quand on dit que c’est une victoire diplomatique ; d’abord nous ne pensons pas qu’une question importante comme celle de la protection des droits de l’homme, de la protection de la vie des citoyens fasse l’objet d’une bataille diplomatique. Ce qui est en jeu ici, c’est la protection de nos concitoyens, c’est l’affirmation de l’appartenance à la communauté internationale par le respect du droit à la vie qui est inscrit dans notre constitution, par le respect de l’intégrité physique de nos concitoyens par l’État et par tout individu qui se trouve sur notre territoire national. Il s'agit donc d’une affirmation des valeurs qui ne peut pas faire l’objet d’un triomphe pour qui que ce soit. La forme définitive de la formulation n'est pas aussi favorable que le gouvernement l’aurait souhaitée et nous nous félicitons de l’engagement au niveau de la communauté internationale en communion pour qu’une enquête soit établie. C’est un pas qui va amener à ce que la vérité soit close. Lorsque j'ai avancé ici le chiffre 3300 morts sur base des enquêtes faites par l'Envol, nous avons vu certains officiers de l’armée contredire cela. Aujourd’hui il est établi dans la vérité mondiale, si l’on peut l’appeler ainsi, que le nombre de victimes est au-delà de ce qu’affirmaient à la fois l’armée et les autres services. Nous sommes en train de remporter cette victoire avant celle de la justice et nous l’emporterons.

<strong>Stanys Bujakera</strong>