Dans une interview exclusive accordée à ACTUALITE.CD, le vice-président de la CENCO, l'archevêque Fridolin Ambongo, a révélé que ni le Président de la République, ni la CENCO ne connaissent le contenu de la lettre laissée par Etienne Tshisekedi .
D’après Mgr Ambongo, la question du leadership au sein du Rassemblement bloque la suite des discussions.
<strong>La lettre déposée auprès du président de la Cenco n’a jamais été ouverte jusqu’à sa présentation au président de la République. Pouvez-vous nous en dire un peu plus?</strong>
<em>"Nous avons réceptionné une lettre au niveau du secrétariat pour le président de la Cenco. Le président a gardé cette lettre conformément aux indications des expéditeurs. La question était celle de garder la lettre et de la remettre au moment opportun au président de la République, selon les indications des expéditeurs. On ne pouvait pas donner le nom tant que l’arrangement particulier n’était pas encore terminé. La Cenco a sollicité un rendez-vous auprès du chef de l’État et ç'a fait un mois avant que le président ne nous reçoive. Et comme ils avaient voulu qu’on dépose la lettre dans le cadre de la médiation, nous ne pouvions pas envoyer ça par la poste sans qu’ « il y ait échange avec le président de la République".</em>
<strong>Les évêques n’ont jamais connu le contenu de la lettre ?</strong>
<em>"Les destinateurs de la lettre sont là, ils savent le contenu de la lettre. Je ne sais pas si le président de la Cenco en sait le contenu. Posez-lui la question. Mais, je sais que celui qui avait amené la lettre était Pierre Lumbi, accompagné de l’abbé Théo et Christophe Lutundula. Si vous voulez connaître le contenu de la lettre, posez leur la question"</em>.
<strong>Et qu’est-ce qui s’est passé lorsque vous avez rencontré le Président ?</strong>
<em>"Dès le départ, le Président Kabila a dit tout simplement qu’il ne garderait pas la lettre. Mais, par respect pour nous, il a pris la lettre et nous l’a remise. Il n’a pas ouvert la lettre et je ne peux pas dire s’il connaît le contenu de la lettre ou pas".</em>
<strong>Qu’est-ce que les évêques ont fait de la lettre ?</strong>
<em>"Nous l’avons toujours et nous la remettrons au nouveau président du Comité des Sages du Rassemblement. Cette lettre n’est pas un mystère, elle reste encore fermée. Nous attendons que le Rassemblement se dote d’un nouveau chef pour lui remettre la lettre".</em>
<strong>L’Eglise ne craint-elle pas de faillir à sa mission ?</strong>
<em>"L’Église ne craint rien. L’échec fait partie de l’œuvre humaine. Au point où nous sommes, on ne peut pas mettre la responsabilité de l’échec sur le dos de l’Eglise parce qu’elle ne joue que le rôle de médiateur entre deux parties prenantes. S’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, c'est eux qui doivent assumer les responsabilités devant le peuple congolais". </em>
<strong>60 jours après la signature de l’accord, avez-vous des inquiétudes quant à sa mise en œuvre?</strong>
<em>"Nous avons un peu d’inquiétude. Rien qu’en regardant le calendrier qu’on s’était donné, 12 mois, à compter à partir du mois de janvier. Si nous regardons seulement ça, nous avons déjà perdu deux mois et c’est inquiétant".</em>
<strong>Que faut-il faire pour motiver les uns et les autres pour la mise en œuvre de l’accord ?</strong>
<em>"Nous essayons de garder contact, surtout maintenant avec le Rassemblement. Parce que la question de leadership au sein du Rassemblement nous apparaît comme un point essentiel de blocage. Tant que le Rassemblement ne s'est pas encore donné un leadership, c’est très difficile pour nous d'avancer. Nous exhortons les responsables du Rassemblement de se surpasser de leurs intérêts partisans et de voir les intérêts supérieurs, non seulement du Rassemblement mais de la nation. Comme ils n’arrivent pas à résoudre cette question, ils bloquent indirectement la suite des négociations.</em>
<strong>On reste à la proposition de trois noms comme le veut Joseph Kabila</strong> <strong>?</strong>
<em>"De notre point de vue, la question principale n’est pas de savoir si on donne deux ou trois noms. Mais, c’est de savoir s’il y a un dialogue entre l’institution Président de la République et le leadership au sein du Rassemblement parce qu’il appartient à ces deux d’échanger sur le candidat premier ministre jusqu’à ce qu’ils tomberont d’accord sur un nom. De toute façon, si c’est un candidat qui vient du Rassemblement, il faudra qu’il ait des garanties qu’il sera investi par l’Assemblée nationale. Or cette Assemblée nationale est dominée par la Majorité présidentielle. Si c’est un candidat qui ne plaît pas à la Majorité présidentielle, il ne passera pas. D’où la nécessité d’un dialogue".</em>
Interview réalisée par Rachel Kitsita