Sam Bokolombe: "l'organisation des élections est fonction des moyens"

Le député national Sam Bokolombe a jugé « réaliste » la déclaration de Pierre Kangudia, ministre du budget sur l’impossibilité pour l’actuel gouvernement de financer la tenue des élections en fin 2017.

Dans une interview accordée ce jeudi 16 février à ACTUALITE.CD, Bokolombe estime que ceux qui appellent à la démission de l’actuel gouvernement sont dans la politique politicienne.

Cet acteur politique les a invités à ne pas berner la population avec des discours « démagogiques » sur la tenue des élections en décembre 2017 tel que prescrit par l’accord politique du 31 décembre 2016.

<strong>Est-ce que le ministre de budget a raison quand il dit que le gouvernement sera dans l’impossibilité de mobiliser 1.8 milliards de dollars exigés par la CENI pour tenir les élections ?</strong>

<em>"Il a raison, il n’a rien dit de spécial. Il est ministre de budget et il fait l’état de la caisse de l’Etat. Ce qui dérange c’est le fait que beaucoup de gens ne sont pas habitués à ce langage de vérité. Et pour une fois que la personne le leur tient ils sont embêtés. On n’organise pas les élections en un exercice. C’est depuis 2012 que l’Assemblée nationale vote des allocations à des fins électorales. Ces allocations n’ont jamais été mobilisées comme il se doit. On se contente des dépenses hors budget. Ce n’est pas en 2017 que les choses vont changer. Il n’a rien trouvé dans la caisse et tous les politiques sont censés voir cette vérité selon laquelle les caisses de l’Etat sont vides."</em>

<strong>Dire aujourd’hui que le gouvernement n’a pas des moyens pour financer la Ceni, n’est ce pas un aveu d’incompétence ?</strong>

<em>"Ce n’est pas un aveu d’incompétence. C’est faire un constat objectif. Ceux qui appellent à la démission sont dans la politique politicienne. Aujourd’hui, qu’il s’agisse du gouvernement actuel ou du gouvernement à venir, je ne vois pas quel gouvernement qui peut être à même d’organiser les élections en 2017. La volonté politique à elle seule ne peut pas suffire."</em>

<strong>Et pourtant ce gouvernement est là pour mobiliser les moyens afin de tenir les élections dans le temps voulu par vous les politiques ?</strong>

<em>"Le constat est qu’il ne sera pas facile de réunir le nécessaire en vue d’organiser les scrutins en 2017, c’est ça l’évidence. Il faudra compter avec sur la coopération bilatérale, les partenaires bilatéraux et internationaux. Mais l’Etat seul ne peut pas organiser les scrutins avec les moyens limités qui sont le notre. Qu’on ne raconte pas des histoires à la population."</em>

<strong>Tous les services mobilisateurs de recettes sont opérationnels ?</strong>

<em>"Le problème ce n’est pas d’être opérationnel mais c’est celui de mobiliser les recettes. Or la mobilisation des recettes est fonction de l’environnement économique. Avant de poser cette question de moyens, avez-vous une idée de ce qu’est notre environnement économique aujourd’hui ? Il y a combien de bateaux qui mouillent à Matadi. Quel est l’état des transactions économiques ? C’est à partir de l’Etat de notre économie que vous pouvez vous faire une idée de ce que pourrait être les recettes fiscales. La mobilisation des recettes ne ressort pas du néant. Elle répond à des hypothèses des bases concrètes."</em>

<strong>Quel est l’état de cet environnement économique ?</strong>

<em>"L’Etat congolais est en faillite et il a du mal à faire face à ses charges basiques. Les services de l’Etat ne reçoivent plus des frais de fonctionnement. Les ministères fonctionnent aujourd’hui sans frais de fonctionnement. Tout cela est lié. Cet argent avec lequel on doit organiser les scrutins ne proviendrait de nulle part."</em>

<strong>Comment faire pour rencontrer la volonté de la population d’aller aux élections ?</strong>

<em>"Il faut prendre le temps qu’il faut pour remettre les choses à l’endroit afin de mobiliser et renouer avec la coopération internationale, mobiliser suffisamment les moyens. Seule la mobilisation des moyens peut être une condition pour parvenir à organiser les élections. Or ces moyens manquent."</em>

Interview réalisée par Stanys Bujakera (<a class="ProfileHeaderCard-screennameLink u-linkComplex js-nav" href="https://twitter.com/bujakeratshiams">@<span class="u-linkComplex-target">bujakeratshiams</span></a>)