Carbone Beni (Filimbi): "L'ANR c'est l'enfer visible"- Interview

Carbone Beni, chargé de mobilisation au sein du Mouvement citoyen Filimbi, s'est confié vendredi 13 janvier 2017 à ACTUALITE.CD pour sa première sortie médiatique deux jours après sa libération.

Détenu pendant 29 jours , Beni relate "l'enfer" dit-il subit et vécu de la part de ses bourreaux, l'Agence Nationale des Renseignements (ANR).

Le mobilisateur ne s'est pas privé de revenir sur les lignes tracées par le mouvement pour 2017.

<strong>Vous avez passé 29 jours en détention. Qu’est-ce qui s’est réellement passé ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>C’est depuis le 13 que nous avions été interpellés lors d’un sit in qu’on a organisé pour interpeller la classe politique, la société civile de respecter la Constitution, pousser le chef de l’Etat à quitter le pouvoir le 19 décembre. Nous avons été enlevés par quelques éléments non autrement identifiés et détenus à un lieu inconnu pendant plus de deux semaines et finalement transférer à l’ANR où j’ai passé encore deux semaines.</em></blockquote>
<strong>Comment avez-vous été traité pendant cette période de détention ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Je le qualifie de traitement inhumain. C’est l’enfer visible. Il y a un transfert qui se fait de l’enfer au paradis. On a subi des atrocités énormes qu’on ne peut pas détailler. Il n’y avait pas de douche, j’ai fait 14 jours sans me laver ni brosser les dents, j’ai passé plus de deux semaines sans manger et l’état de santé s’était détérioré considérablement. Il y avait des menaces, des tortures morales, quelques fois des atteintes à la dignité humaine...</em></blockquote>
Le 19 décembre vous a trouvé en détention. Est-ce pour vous une déception le fait que Kabila soit toujours président ?
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Je peux tout simplement dire que c’est la journée la plus longue de ma vie. Je ne savais pas ce qui se passait dehors parce que dans la cellule c’était le noir total. Je m’inquiétais de tout parce qu’on avait aucune information. Je n’ai pas pu dormir du 18 au 20 à cause de ce qui constituait la base de notre militantisme en 2016, à savoir le départ de Joseph Kabila. Cette journée m’a trouvé dans la cellule présidentielle au camp Tshiatshi. C’était vraiment horrible. Mais on avait un espoir que le peuple, les jeunes, la conscience collectives pourraient agir. Par après on a appris qu’il y avait quelques mouvements sur toute l’étendue de la République et qu’au bout de compte Joseph Kabila demeurait toujours président. Cela a créé à la fois un sentiment de joie du fait que cette fois-ci toute la classe politique était ensemble dans les négociations et à travers notre lutte les jeunes s’étaient quand même manifestés sans l’appel des politiques. Mais c’est une déception du fait que le président n’a pas compris le message que nous lui avons adressé ce dernier temps. La lutte continue jusqu’à ce que la conscience collective soit bâtie pour prendre les choses en main.</em></blockquote>
<strong>2017 commence presqu’avec la même situation que l’année dernière. Comment comptez-vous travailler cette année ?</strong>
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-95" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="95"><em>Filimbi est en train de mettre en place un plan pour cette année. Mais nous allons continuer à éveiller la population pour obtenir une démocratie, une alternance et une bonne gestion de la chose de l’Etat. Filimbi n’a jamais de descension en interne. Certainement qu’il y a des tentatives de déstabilisations. C’est une manœuvre qui est constaté de la part de ceux qui ont le régime en main. Mais au sein de Filimbi tout est serein.</em></blockquote>
Interview réalisée par Stanys Bujakera Tshiamala