Dissolution de la BIAC : L’actionnaire majoritaire Elwyn Blattner dit tout à ACTUALITE.CD

Elwyn Blattner, Principal actionnaire de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo  (BIAC) s’est confié ACTUALITE.CD après l’annonce de la dissolution de sa banque.  Mise sous-tutelle de la Banque centrale du Congo depuis le 30 mai 2016, la BIAC est au cœur de l’actualité économique de la RDC cette année.

Entretien Qu’est-ce qui explique cette décision ?

La BIAC a été mise sous tutelle le 30 mai 2016. Ça je suppose que vous le savez. La loi bancaire donne à la Banque centrale 180 jours, de toute façon ça a été publié lorsque la reprise de la gestion de la banque a été faite par la banque centrale, donc les 180 jours. C’est à partir du 30 mai, ce qui apporte les 180 jours au 30 novembre. Donc le 30 novembre la fin du mandat de l’administration de la banque centrale arrive à sa fin. Il n’y a aucune possibilité d’extension. La loi ne le permet pas. Donc vous avez 180 jours et pas un jour de plus. A la fin de cette date-là, vous avez des choix : Premièrement, trouver un repreneur. Deuxièmement, vous avez la possibilité de trouver des capitaux frais, et troisièmement vous devez trouver des liquidations forcées. Ce sont là les trois options que vous avez à la fin de ces 180 jours. Il reste encore presque trois semaines avant la fin de cette date butoir. Et je peux vous dire que personne nous a contacté, nous actionnaires, pour avoir trouvé ni des capitaux frais, ni des acquéreurs. Donc nous sommes persuadés qu’on va vers une liquidation forcée. Donc nous avons décidé, que étant donné que la liquidation forcée inéluctable, nous avons décidé une liquidation à l’amiable qui est une liquidation volontaire.

C’est quoi la situation actuelle de la BIAC ? La BIAC est aujourd’hui une banque sous gestion de la Banque Centrale. C’était depuis le 30 mai 2016

D’après certains observateurs, il fallait trois assemblées générales pour arriver à une dissolution de la banque… Non c’est faux ! La loi bancaire est tout à fait claire. Elle dit qu’une liquidation ne peut se faire que de deux manières. Soit elle est forcée, soit c’est une liquidation volontaire. Il n’est nulle part stipuler qu’il faut trois assemblées générales. Si vous pouvez lire la loi bancaire, elle est tout à fait transparente et facile à suivre.

Qu’est-ce qui va se passer maintenant ?

Nous avons décidé une dissolution volontaire parce que celle-ci donne un seul avantage aux actionnaires. C’est la nomination du liquidateur et du commissaire au compte. Evidemment comme c’est une banque, et le liquidateur et le commissaire au compte doivent être agrées. Mais c’est les actionnaires qui les proposent. Tandis que dans une liquidation forcée, les actionnaires sont complètement mis à part et la banque centrale ou la justice nomme de force leur liquidateur et leur commissaire de compte.

N’est-ce pas une fuite en avant de votre part ? Comme vous ne voulez pas que la perte vous soit imputée, vous précipitez cette décision ?

Non parce que, premièrement la perte d’une banque ou d’une entreprise n’est pas imputable au propriétaire ou à l’actionnaire. Sauf s’il y a eu malversation. Sinon n’importe qui qui ferait n’importe quelle entreprise mettrait en péril la totalité de ses avoirs (...). Et évidemment à moins qu’il fasse une malversation illégale ou autre, ça c’est un autre élément. Mais s’il fait des choses proprement et dans des conditions normales, je ne vois pas pourquoi il y aurait un risque qu’il soit responsable de la perte de la société. Je dois vous apporter des chiffres : la banque aujourd’hui dont je vous parle a le dépôt des cent quatre-vingt-dix millions de dollars. Ça c’est ce qu’on appelle le passif. Ça veut dire c’est ce que la banque doit. A part ça, il y a ce qu’on appelle l’actif, c’est-à-dire ce que la banque détient comme valeur. Il s’agit de tous les crédits que la banque a émis en faveur de ses clients donc c’est ce qu’on lui doit. C’est deux cents quarante millions. A part ça, la banque détient les actifs immobiliers, c’est-à-dire des immeubles, des véhicules qui vont être vendus pour faire face à ses obligations. Ça fait quarante millions. Alors deux cent quarante plus cent quarante millions ça fait deux cent quatre-vingts millions de dollars pour un endettement de cent nonante millions, donc voilà. C’est une situation qui nous a désolé vous n’imaginerez pas à quel point. C’était la banque du peuple, les gens nous ont fait confiance. Pour la majorité des épargnants, la moyenne de dépôts sont entre 300 et 500 dollars, donc nous avons décidé pour les raisons que je viens de vous donner que la première des choses que nous allons faire  c’est de s’assurer que ces épargnants soient intégralement payés.

A ce qu’il parait la situation actuelle de la BIAC est aussi due à un rapport dur que vous entretenez avec la primature…

Moi je n’ai pas de problème avec la primature. Je ne sais pas ce qui ce se passait pour que la primature prenne une décision aussi dramatique. Je la déplore jusqu’à aujourd’hui. Mais personnellement je n’ai pas de problème avec la primature. Je n’ai jamais rencontré Matata Ponyo de toute ma vie. Donc je ne crois pas que c’est à cause de moi que tout cela est arrivé.

Interview réalisée par Patient LIGODI à écouter intégralement en audio ici.