RDC: L’intégralité de la déclaration de Katumbi suite aux Propos du Président Kabila sur les élections

<em>Dans une déclaration publique faite ce mardi 9 aout 2016, Moise Katumbi a présenté ce qu’il qualifie de plan du Président Kabila pour se maintenir au pouvoir. Ce plan, selon lui, constitue un crime de haute trahison. ACTUALITE.CD vous  propose le texte intégral. </em>

DECLARATION DE MOISE KATUMBI SUITE AUX PROPOS DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE JOSEPH KABILA SUR LE PROCESSUS ELECTORAL EN RD CONGO

Bruxelles, le 9 août 2016

Le 4 août 2016, en déplacement en Ouganda, le Président de la République de la RD Congo, Joseph Kabila, a annoncé que le calendrier électoral ne pourrait être publié avant la fin des opérations d’enrôlement des électeurs menées par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) depuis le 31 juillet 2016.

Ce nouvel épisode illustre, si certains en doutaient encore, la volonté du Président Joseph Kabila et de sa majorité présidentielle. Cette volonté est de se maintenir au pouvoir coûte que coûte, en dépit de notre Constitution et contre l’aspiration du peuple de vivre la première alternance démocratique et pacifique en 2016.

Parmi les causes qui m’ont poussé à démissionner du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) et du gouvernorat de la province du Katanga en septembre 2015, figuraient le non-respect de notre Constitution, l’instrumentalisation de nos institutions et, plus largement, les dérives totalitaires de notre régime.

L’objectif de nos dirigeants est donc clair : tout faire pour se maintenir au pouvoir. Leur plan d’action est tout aussi clair et repose sur trois axes.
<ol>
<li>Organiser un dialogue politique factice avec quelques complices de tous bords, afin de déboucher sur un gouvernement de transition illégitime au service de leurs ambitions totalitaires.</li>
<li>Annoncer un calendrier électoral qui privilégie d’abord les élections locales et provinciales, avant les législatives nationales. Cela permettra de retarder au maximum l’élection présidentielle et, via des élections non conformes, s’assurer une majorité confortable aux institutions locales, aux assemblées provinciales, au Sénat et à l’Assemblée nationale.</li>
<li>Faire voter un changement de la Constitution par les deux chambres réunies en Congrès qui leur permettra de s’accrocher au pouvoir.</li>
</ol>
Ce plan constitue un crime de haute trahison. Heureusement, il ne restera que le rêve utopique d’un régime aux abois. Le peuple congolais et les forces acquises au changement ne se laisseront pas tromper et trahir de la sorte. Ils se prendront en charge, conformément à la Constitution, afin de sauver la patrie.

Dans une nouvelle déclaration publique à Beni le 7 août 2016, le Président Kabila s’est félicité d’appartenir à une génération qui a libéré le pays et a installé la démocratie.

Comment comprendre dès lors que dans ce même discours, il puisse dénigrer et jeter l’opprobre sur nos aînés qui ont lutté avec constance pour cette démocratie simplement parce qu’ils ne partagent pas ses opinions et refusent de le soutenir dans ses dérives ! Loin de faire preuve de sagesse et de contribuer à l’unité nationale tant recherchée, de tels propos risquent d’opposer nos compatriotes et diviser davantage le pays.

Plus grave encore, par toutes ces manœuvres, le régime affaiblit et menace cette démocratie en installant progressivement un régime totalitaire. Avec le concours de tous, cela ne passera pas.

Le 20 septembre 2016 le corps électoral doit être convoqué, conformément à la Constitution. Le 20 décembre 2016, un nouveau Président de la République doit être en fonction. Si ces obligations constitutionnelles ne sont pas respectées, le peuple congolais devra refuser l’installation de la dictature et ne plus reconnaître le régime en place. Il en va de même, nous l’espérons, pour la communauté internationale. Il est encore temps de sauver la démocratie en RD Congo et, pour le Président Kabila, de sortir par la grande porte.