Patrick Muyaya réfute les accusations de cession de souveraineté dans l’accord USA–RDC

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Signature des accords de Washington pour la paix et la prospérité

Le gouvernement congolais dénonce ce qu’il qualifie de mauvaise interprétation du partenariat stratégique entre les États-Unis et la RDC, signé sous l’administration Trump, par le président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et archevêque de Lubumbashi, Mgr Fulgence Muteba Mugalu.

Réagissant à l’homélie prononcée par le prélat catholique lors de la messe de la Nativité, au cours de laquelle celui-ci a présenté ce partenariat comme un sacrifice compromettant le développement du pays et le bonheur des générations futures, évoquant un prétendu bradage de l’exploitation minière pour une durée de 99 ans, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a fermement réfuté ces allégations.

Selon lui, l’État congolais conserve pleinement sa souveraineté ainsi que la primauté de l’intérêt national.

« Il n’existe ni accord de 99 ans, ni bradage des ressources, ni le nom d’aucune mine, encore moins une quelconque forme de cession de souveraineté dans ce texte. L’accord définit plutôt des principes destinés à permettre, de manière transparente, un partenariat gagnant-gagnant entre les deux parties. L’État congolais conserve l’intégralité de son pouvoir, y compris le droit de refuser toute proposition jugée contraire à l’intérêt national. Affirmer le contraire, malgré la publication du texte le jour même de sa signature et un briefing en direct, s’apparente à une manipulation », a déclaré Patrick Muyaya sur le réseau social X, vendredi 26 décembre 2025.

Le ministre de la Communication et des Médias, membre du gouvernement Suminwa, a par ailleurs regretté que l’archevêque de Lubumbashi n’ait pas mis à profit la messe de Noël pour dénoncer l’occupation rwandaise à travers la rébellion de l’AFC/M23. Selon lui, ce mouvement rebelle est responsable du déplacement de plus de 500 000 personnes et de l’occupation de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu.

« En ce jour de communion qu’est Noël, il aurait fallu des mots clairs pour condamner les hordes rwandaises et leurs supplétifs qui fauchent chaque jour des milliers de vies de nos compatriotes, y compris des chrétiens catholiques, dans les zones sous occupation. Il aurait fallu dénoncer l’agression, la tentative d’expansion territoriale, les massacres et le pillage systématique de nos minerais. Il aurait aussi fallu condamner ceux qui ont contraint plus de 500 000 compatriotes à l’errance après l’attaque d’Uvira. Aujourd’hui, grâce à l’exploitation illicite de Rubaya, le Rwanda a accru ses exportations de coltan de 213 % entre janvier et juin 2025. Pas un mot ! », a déploré Patrick Muyaya.

Selon les termes du partenariat stratégique, la RDC devra transmettre, dans les 30 jours suivant l’entrée en vigueur de l’accord, une première liste des DRC Designated Strategic Projects. Cette catégorie regroupe les projets jugés essentiels à la transformation économique du pays. Ils devront contribuer à la création d’emplois, à l’augmentation de la valeur ajoutée locale, au renforcement des infrastructures énergétiques et logistiques, ainsi qu’à la stabilisation des zones riches en ressources encore marquées par des tensions.

Dans le même délai, la RDC fournira également une liste initiale d’actifs miniers et de zones d’exploration classés dans la Strategic Asset Reserve (SAR), un mécanisme réservé aux projets liés aux minerais critiques et à l’or. Ces actifs pourront inclure des concessions déjà identifiées ou des périmètres encore non attribués. Les États-Unis disposeront d’un droit de première offre pour tout projet SAR notifié.

L’accord identifie enfin plusieurs chantiers structurants jugés prioritaires, notamment la réhabilitation de la ligne ferroviaire RDC-Angola dans le cadre du corridor Sakania-Lobito, considéré comme un axe stratégique pour l’exportation du cuivre, du cobalt et du zinc. Les deux parties ambitionnent de synchroniser les travaux avec la partie angolaise et de mobiliser des financements publics et privés, y compris via les banques multilatérales.

Clément Muamba