RDC: Deux activistes sollicitent une pression américaine pour d’un dialogue inclusif

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Félix Tshisekedi

Après l'échec du processus de Luanda, les processus de paix, notamment celui de Washington entre Kinshasa et Kigali, ainsi que celui de Doha entre Kinshasa et la rébellion de l’AFC/M23, semblent, à ce stade, constituer des priorités pour l’administration du président Félix Tshisekedi, au détriment de la convocation d’un dialogue national inclusif destiné à traiter en profondeur la crise sécuritaire qui frappe l’Est de la République démocratique du Congo depuis plus de trois décennies.

Alors que le chef de l’État tarde toujours à convoquer ce dialogue, en dépit de la publication de la feuille de route des confessions religieuses (CENCO, ECC et autres), issue d’un consensus avec ses propres services, le mouvement Congo 2060, représenté par les activistes Temuni Patricia et Jean-Mobert Senga, a saisi le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, afin de solliciter l’appui de l’administration Trump en faveur de la tenue d’un dialogue national inclusif.

"Un dialogue national inclusif est donc non seulement nécessaire, mais aussi urgent, et il relève pleinement de l’intérêt stratégique des États-Unis. Seul un tel processus peut dépasser les limites inhérentes aux initiatives de Washington et de Doha, en réunissant l’ensemble des acteurs armés et non armés concernés, et en abordant l’ensemble des problématiques de fond, notamment les revendications identitaires des populations tutsi, la réforme de la gouvernance, la réforme du secteur de la sécurité, la justice et la redevabilité, les processus électoraux, la lutte contre la corruption, ainsi que les autres causes structurelles des conflits violents passés et actuels" ont-ils écrit dans leur correspondance dont une copie est parvenue à ACTUALITE.CD ce mardi 23 décembre 2025

À ce jour, ont-ils fait remarquer dans leur correspondance, le Président Félix Tshisekedi demeure le principal obstacle à la tenue d’un tel dialogue. À les en croire, un tel dialogue constitue la seule voie crédible vers une paix durable en RDC ainsi que vers la stabilité et la croissance économique à long terme dans l'ensemble de la région des Grands Lacs

"Son refus persistant, renforcé en partie par un soutien international continu, risque d’alimenter chez certains acteurs la conviction que la lutte armée constitue la seule voie restante pour faire valoir leurs revendications. Cette dynamique accroît considérablement le risque d’une escalade supplémentaire, y compris des tentatives de changement de régime par la force, avec des conséquences potentiellement dévastatrices pour la RDC et l’ensemble de la région. Dans ce contexte, les États-Unis demeurent l’un des très rares acteurs internationaux capables de contraindre l’ensemble des parties à respecter un cessez-le-feu réel et à s’engager, sans conditions préalables, dans un dialogue politique inclusif susceptible d’apporter une solution durable à la crise politique et sécuritaire en RDC. Un tel processus créerait également les conditions d’un développement économique durable, au bénéfice du peuple congolais, de la région, des États-Unis et de la communauté internationale dans son ensemble.Nous vous exhortons respectueusement à agir de manière décisive et sans délai", ont-ils plaidé dans leur correspondance 

Dans la correspondance adressée au Chef de la diplomatie américaine, ils ont rappelé que sous le leadership du Président Trump, ses efforts ont permis des avancées diplomatiques notables ces derniers mois, notamment l’endossement des Accords de Washington le 4 décembre. Avec l’appui des États-Unis, le Qatar a ensuite facilité la signature d’un accord-cadre entre le Gouvernement de la RDC et le groupe armé AFC/M23. Plus récemment, le retrait des forces de l’AFC/M23 de la ville d’Uvira, à la suite de pressions directes exercées par les États-Unis. 

"Cette influence risque d’être compromise si la crise continue d’être abordée à travers une approche restrictive, traitant le rôle du Rwanda et les actions de l’AFC/M23 de manière isolée, tout en faisant preuve d’une indulgence excessive à l’égard du Président Tshisekedi et de son gouvernement, qui sont eux-mêmes des acteurs centraux du conflit. La crise en RDC est profonde et systémique et appelle une réponse globale s’attaquant non seulement à ses manifestations, mais aussi à ses causes structurelles et politiques. Celles-ci incluent les défaillances chroniques de la gouvernance, les griefs identitaires et communautaires non résolus, la faiblesse persistante des forces de sécurité, l’impunité et la corruption généralisées, les violations répétées de la Constitution, les discours de haine, les crises de légitimité électorale, ainsi que l’absence de mécanismes crédibles et inclusifs de médiation politique"ont-ils soutenu dans leur correspondance

Appelé à poser des actes d’État pour convoquer le dialogue national à la suite de la publication de la feuille de route par les confessions religieuses conçue pour appuyer les initiatives diplomatiques internationales menées par les États-Unis d’Amérique et le Qatar, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, maintient sa position selon laquelle aucun dialogue ne peut être organisé en dehors de son initiative.

En RDC, plusieurs confessions religieuses parlent désormais d’une même voix quant aux pistes de sortie de crise dans l’Est du pays, marqué par l’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23. C’est dans ce cadre qu’une feuille de route commune pour le dialogue national a été rendue publique  lundi 25 août à Kinshasa. Elle est portée conjointement par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), l’Église du Christ au Congo (ECC), la Plateforme des Confessions Religieuses du Congo, ainsi que la Coalition Interconfessionnelle pour la Nation (CIN).

Depuis sa publication, les actes attendus du Chef de l’État tardent encore. Sur la scène internationale, les initiatives diplomatiques avancent sur le papier, mais peinent à produire des résultats concrets sur le terrain, dans un contexte de tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali, ainsi qu’entre Kinshasa et l’AFC/M23.

Clément MUAMBA