RDC–Noël : la CENCO appelle les acteurs armés à renoncer à la violence et à choisir la paix

Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025
Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025

La Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a exprimé son optimisme quant au retour de la paix et de la stabilité dans l’Est de la République démocratique du Congo, après plus de trois décennies de conflits marqués par l’activisme de groupes armés locaux et étrangers, ainsi que par la rébellion de l’AFC/M23, soutenue par le Rwanda et occupant de vastes portions du territoire national.

Dans un message de Noël prononcé le jeudi 25 décembre 2025 par son secrétaire général, Mgr Donatien Nshole, la CENCO a invité tous ceux qui ont fait le choix de la confrontation armée à renoncer à cette voie au profit de celle de la paix et du vivre-ensemble.

Selon la déclaration lue à cette occasion, l’échange des vœux de Noël constitue un engagement à devenir des artisans de paix.

« Échanger les vœux de Noël nous engage à être, chacun de nous, un signe vivant de l’amour de Dieu. Personne n’est exclu de sa tendresse, ni de son pardon. Noël nous rappelle que le Christ, Prince de la paix, vient à notre rencontre. Cette fête interpelle particulièrement tous ceux qui ont fait le choix de la confrontation armée, afin qu’ils renoncent à ce schéma pour embrasser celui de la paix et du bien-vivre ensemble », a déclaré Mgr Donatien Nshole.

La CENCO a toutefois déploré que cette célébration intervienne dans un contexte de souffrance et de grande précarité pour la population congolaise. Malgré cette situation, l’Église catholique estime que Noël demeure une fête d’espérance, appelant à croire en un avenir meilleur.

« Le chant des anges — “Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime” — résonne dans nos cœurs, mais il nous trouve en RDC dans une situation de grande souffrance », souligne le message. Il évoque les conflits armés ayant causé des milliers de morts, ainsi que des déplacements massifs de populations contraintes de vivre dans des conditions précaires.

La CENCO rappelle cependant que « la naissance du Christ est la preuve que Dieu n’abandonne jamais son peuple », estimant que la fête de Noël ne peut être véritablement joyeuse que si elle conduit à l’accueil du message de paix et de solidarité porté par Jésus-Christ.

Sur le plan diplomatique, la prise de Goma et de Bukavu au début de l’année 2025 a entraîné une mobilisation accrue de la communauté internationale. Deux principaux processus ont été engagés pour tenter d’endiguer l’escalade du conflit : les accords de Washington, signés entre Kinshasa et Kigali sous l’égide des États-Unis, et le processus de Doha, conduit par le Qatar, impliquant le gouvernement congolais et la rébellion de l’AFC/M23.

Si le processus de Washington a connu une avancée notable avec l’entérinement des accords par les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame, en présence du président américain, les discussions de Doha peinent à enregistrer des progrès concrets. Ces négociations, censées s’attaquer aux causes profondes du conflit — notamment la restauration de l’autorité de l’État et la réintégration des groupes armés — demeurent largement au point mort.

Cette stagnation a favorisé la reprise des combats entre l’AFC/M23, appuyée par le Rwanda, et les forces gouvernementales, conduisant à l’occupation de la ville d’Uvira, dans la province du Sud-Kivu. Cette situation a suscité de vives condamnations internationales, en particulier de la part des États-Unis.

Sous la pression internationale, la rébellion de l’AFC/M23 a annoncé son retrait d’Uvira, affirmant vouloir donner une chance aux processus de paix. Toutefois, quelques jours plus tard, la représentante américaine au Conseil de sécurité des Nations unies a insisté sur la nécessité d’un retrait effectif et vérifiable, à une distance d’au moins 75 kilomètres de la ville.

Clément Muamba