Rachidi Mustapha Kazadi, récemment journaliste à la Radio Télévision Communautaire de Mwesso (RTCM), a été tué par des hommes armés non identifiés dans la soirée de ce vendredi 5 décembre à Katsiru, une localité du groupement Gihondo, dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Selon la direction de la RTCM désormais installée à Beni, le journaliste a été tué lors d’une attaque contre un restaurant où se trouvaient plusieurs personnes. Le journaliste revenait de Bambo lorsqu’il a été surpris par les assaillants qui ont ouvert le feu.
Intégré à la RTCM en 2018 comme technicien avant de devenir journaliste, Rachidi Mustapha Kazadi avait quitté son travail médiatique après la prise de la localité de Mwesso par les rebelles de l’AFC/M23 en 2024, événement qui avait entraîné la fermeture de la station. Il s’était alors reconverti en conducteur de moto-taxi sur les axes Kitshanga–Mwesso, Mwesso–Goma, Mwesso–Kibirizi et Mwesso–Bambo.
Dans le territoire de Masisi, plusieurs collectifs de défense des droits des journalistes réclament l’ouverture d’enquêtes afin d’identifier les auteurs du meurtre et de les traduire en justice.
Cette nouvelle perte survient dans un contexte marqué par la résurgence du conflit entre les Forces armées congolaises (FARDC) et le mouvement rebelle AFC/M23, un climat qui expose davantage les professionnels des médias dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Arrestations, enlèvements, exils forcés et assassinats se multiplient.
Parmi les cas récents figure celui de Yoshua Kambere Machozi, journaliste à la radio communautaire Mpeti dans le territoire de Walikale, enlevé par les rebelles de l’AFC/M23 et détenu durant huit jours avant que son corps en décomposition ne soit retrouvé au bord d’une rivière dans le village de Katobi. À Bukavu, dans le Sud-Kivu, le corps de Fiston Wilondja Mukamba avait également été découvert en août dernier, ligoté et portant des traces de violences, après son enlèvement par des hommes non identifiés.
Le rapport annuel 2025 de Journaliste en Danger (JED), publié le 22 novembre, confirme la dangerosité persistante du métier dans le pays. Malgré une baisse globale des violations sous la présidence de Félix Tshisekedi par rapport à l’ère Joseph Kabila, les cas les plus graves homicides et disparitions ont augmenté en proportion. Entre 2019 et novembre 2025, 12 journalistes ont été tués et 4 portés disparus, contre 15 assassinés et 2 disparus entre 2001 et 2018. Le nombre de journalistes emprisonnés est également en hausse, passant de 24 à 28 pour les mêmes périodes.
Josué Mutanava