Non directement traitée comme une priorité dans les Accords de Washington signés entre la République démocratique du Congo et le Rwanda sous les auspices des États-Unis, la question de la rébellion AFC/M23, soutenue par Kigali et contrôlant de larges zones du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, est prise en charge dans le cadre du processus de Doha, sous l’égide de l’État du Qatar.
Interrogée sur la possibilité que l’AFC/M23 ne respecte pas les engagements liés au processus de Washington, notamment la cessation des hostilités, la ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Thérèse Kayikwamba Wagner, estime qu’un tel refus serait révélateur.
« Le M23 est un groupe dont les ramifications sont connues. Nous savons d’où proviennent les ressources et les capacités qui lui permettent d’opérer. S’il n’y a pas de changement concret sur le terrain, nous saurons qui sont les acteurs qui ont un rôle à jouer, qui ont de l’influence et qui auront refusé d’exercer cette influence », a-t-elle déclaré jeudi 4 décembre 2025 lors d’un briefing de presse co-animé avec ses collègues du gouvernement et le gouverneur de la Banque centrale du Congo.
La cheffe de la diplomatie congolaise a par ailleurs souligné que les initiatives diplomatiques en cours interdisent aux États impliqués de soutenir des groupes armés.
« Dans l’accord signé le 27 juin, tous les États signataires se sont engagés à ne plus fournir aucun appui aux groupes armés. La corrélation est donc claire entre la posture que l’AFC/M23 va afficher et la redevabilité liée aux engagements pris dans le cadre des Accords de Washington », a-t-elle ajouté.
Les Accords de Washington : un dispositif présenté comme “historique”
Présidée par Donald J. Trump, la signature des Accords de Washington a été qualifiée d’« historique » par le département d’État américain. Ce cadre réaffirme les engagements pour mettre fin à des décennies de conflit, renforcer la coopération économique et jeter les bases d’une paix durable entre la RDC et le Rwanda.
L’accord réaffirme notamment la mise en œuvre de l’Accord de paix conclu à Washington le 27 juin 2025 et concrétise la vision du Cadre d’intégration économique régionale (CIER). Le Cadre est destiné à libérer le potentiel économique de la région des Grands Lacs et à stimuler les opportunités pour le secteur privé américain.
La cérémonie s’est déroulée en présence de plusieurs dirigeants africains et partenaires internationaux, dont Faure Gnassingbé, João Lourenço, Évariste Ndayishimiye, William Ruto, ainsi que des représentants de l’Union africaine, du Qatar et des Émirats arabes unis.
Par ailleurs, la médiation qatarie constitue l’autre pilier diplomatique du moment. Un accord-cadre a été conclu entre Kinshasa et l’AFC/M23, mais son contenu reste à négocier. Sur le terrain, la situation demeure inchangée, les lignes de front actives, l’absence de mesures de confiance, les positions figées.
La coexistence des processus de Washington et de Doha illustre la complexité du dossier d’un côté, une médiation interétatique visant les relations RDC–Rwanda, de l’autre, une négociation politico-militaire directe avec la rébellion.
Clément MUAMBA