L'atelier d'évaluation de la mise en œuvre des recommandations des forums de la diaspora congolaise, dont les travaux ont duré 3 jours à Kinshasa, a été clôturé ce jeudi 28 novembre 2025 par la première ministre, Judith Simunwa. Il a débouché sur dix recommandations prioritaires, dont la réforme de l’article 10 de la Constitution pour faciliter la participation politique des binationaux et la création d’un Haut Conseil de la diaspora.
Dans son discours devant des parlementaires, délégations de la diaspora, la cheffe du gouvernement a mis un accent particulier sur le rôle important des Congolais vivant en dehors des frontières du pays face à la guerre d'agression imposée à la nation par le Rwanda, avant d'insister notamment sur la structuration et le renforcement de la diaspora pour le développement de la RDC.
«La diaspora congolaise n'est pas une simple communauté des congolais de l'étranger. Elle est une force vive, un levier stratégique, un acteur économique majeur, un réservoir de compétences et d'expertises, et plus encore un pilier de la défense diplomatique et communicationnelle de la Nation, en particulier dans le contexte d’agression imposée à notre pays par le Rwanda sous couvert du mouvement terroriste AFC/M23. Le Gouvernement reconnaît pleinement la valeur de cette contribution multiforme. C'est pourquoi nous voulons aujourd'hui renforcer, structurer et optimiser les mécanismes permettant à la diaspora de participer davantage dans le développement de notre pays», a déclaré Judith Simunwa.
Rassurant qu'il a été nullement question d'un simple exercice technique durant cet atelier de trois jours, Mme Suminwa a affirmé que c'est un «véritable processus de gouvernance publique visant à garantir l'impact, l'efficacité et la cohérence de la politique nationale en direction de nos compatriotes établis à l'étranger», dévoilant sa vision claire pour la diaspora : [elle] «doit être reconnue comme un partenaire de développement, un acteur de diplomatie économique, un moteur d'innovation et un ambassadeur culturel à part entière».
À son tour de parler, le ministre auprès la ministre des affaires étrangères, chargé de la Francophonie et de la diaspora congolaise, Crispin Mbadu, a d'abord exprimé sa gratitude vis-à-vis du chef de l'État, pour son attention particulière sur la diaspora, avant d'interpeller sur l'urgence de passer à l'action, d'autant que les postes sont d'ores et déjà éclairées.
« Nous devons désigner rapidement les leaders institutionnels de cette stratégie et adopter les décrets nécessaires à sa mise en œuvre. La diaspora attend des résultats concrets», a-t-il dit.
Par ailleurs, ce membre du gouvernement a indiqué que c'est grâce à l'exercice de cartographie initial qu'il a été possible d'identifier et d'analyser plus de cinquante recommandations sur lesquelles avaient débouché les différents forums entre 2008 et 2013, précisant que «l’évaluation s'est concentrée sur six recommandations prioritaires, considérées comme des piliers structurants pour une politique de la diaspora intégrée».
Il s'agit entre autres de:
*l’opérationnalisation de la Direction générale des Congolais de l’étranger ;
*la création d’un Haut Conseil de la Diaspora ;
*la mise en place d’un fonds d’investissement dédié aux projets de la diaspora ;
*la réforme de l’article 10 de la Constitution pour faciliter la participation politique des binationaux ;
*l’amélioration de la couverture consulaire ;
*la structuration d’un cadre de dialogue permanent entre l’État et la diaspora.
«Le rapport final dresse un constat sans équivoque: le taux global de mise en œuvre est estimé à environ 10%. Ce faible taux s'explique par des obstacles récurrents que cet atelier a permis de clarifier. Je ne retiendrai ici que les éléments techniques essentiels: la portée stratégique, les obstacles majeurs et notre feuille de route opérationnelle pour les 6 à 12 prochains mois», ajoute Crispin Mbadu.
S'agissant de la reconnaissance de la double nationalité, le ministre Mbadu a estimé impérieux de «lever les barrières juridiques et fiscales qui freinent l'investissement, et restituer les droits politiques pleins et entiers et renforcer le lien d'appartenance».
«Ici le verrou constitutionnel se trouve être à l'article 10 de la constitution de la République Démocratique du Congo avec la sensibilité politique et les craintes sécuritaires et souverainistes. Alors, en attendant la révision constitutionnelle, il est suggéré une solution intermédiaire: la création d'une «diaspora congolaise» d'ici 9 mois, qui permettra un alignement fiscal sur le régime des nationaux et facilitera la mobilité», a-t-il conclu.
Depuis 2008, plusieurs forums de la diaspora se sont tenus, notamment les Premières Assises des Congolais de l’étranger (tenues du 30 juillet au 5 août 2008 à Kinshasa), le Forum économique des Congolais de l’étranger (les 19 et 20 août 2009) ainsi que la Table ronde gouvernement-diaspora, tenue au Palais d’Egmont à Bruxelles, les 23 et 24 octobre 2013).
Samyr LUKOMBO