Grand absent à tous les niveaux des travaux du neuvième sommet ordinaire de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) tenu à Kinshasa, le Rwanda a qualifié de nulles et non avenues toutes les résolutions issues de ces assises, dont l’une a porté la République Démocratique du Congo à la présidence de l’organisation pour un mandat de deux ans, succédant à l’Angola.
Pour le ministre rwandais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Olivier Nduhungirehe, qui réagissait à l’issue du sommet, seuls les processus de paix de Washington et de Doha appuyés par l’Union africaine sont pertinents concernant le conflit dans l’Est de la RDC.
"Les résolutions du sommet de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL), tenu à Kinshasa la semaine passée sans le Rwanda, ayant élu Félix Tshisekedi comme Président en exercice de cette organisation, dont le siège se trouve à Bujumbura, sont évidemment nulles et non avenues pour toute question relative au conflit à l'est de la RDC. À cet égard, seuls les processus de paix de Washington et de Doha, appuyés par l'Union africaine, font foi dans la recherche d'une solution durable au conflit à l'est de la RDC", avait réagi le chef de la diplomatie rwandaise.
Alors que la RDC considère comme une avancée majeure la reconnaissance du Rwanda comme pays agresseur par la CIRGL, le ministre congolais de l’Intégration régionale, Floribert Anzuluni Isiloketshi, a été interrogé sur la position actuelle de Kigali. Il a rappelé qu’un des protocoles de non-agression de la CIRGL n’est pas respecté et souligné que, malgré l’absence du Rwanda, 11 États membres sur 12 ont bel et bien validé son retrait du territoire congolais.
"Tout ce que je peux vous dire, que je sais et que je connais, c’est que le Rwanda, comme les onze autres pays, a souscrit au protocole notamment sur la question du retrait au protocole de non-agression entre États. Il est constaté aujourd’hui, de manière très claire, que ce protocole n’est pas respecté. La deuxième chose que je sais, c’est qu’il y a une Déclaration finale dûment signée par 11 pays sur 12, qui demande au Rwanda signataire du Pacte et des différents protocoles de retirer ses troupes de la République démocratique du Congo. Pour le reste, chacun jugera de cette attitude", a déclaré Floribert Anzuluni lors d’un briefing de presse ce lundi 17 novembre 2025.
Le sommet de Kinshasa, placé sous le thème « Consolider la paix et la sécurité pour le développement dans la région des Grands Lacs », s’est tenu dans un contexte de tensions persistantes entre la RDC et le Rwanda, malgré les avancées diplomatiques annoncées. Le contraste entre les engagements conclus dans les différents accords et la réalité sur le terrain continue de préoccuper les observateurs, qui appellent à davantage d’honnêteté, de bonne foi et à une mise en œuvre rapide des engagements pris.
Considéré comme parrain de la rébellion AFC/M23 en raison de son soutien multiforme, le Rwanda de Paul Kagame, en froid avec Kinshasa, a brillé par son absence à ce sommet de la CIRGL alors que selon Kinshasa tous les États membres de l'Organisation ont été bel et bien saisis en bonne et due forme par les canaux diplomatiques.
Après la chute de Goma et de Bukavu et l’échec du processus de Luanda, l’Accord de Washington et le processus de Doha constituent désormais deux volets complémentaires des efforts diplomatiques visant à mettre fin au conflit opposant la RDC au Rwanda et aux groupes armés tels que le M23.
L’Accord de Washington, signé sous médiation américaine, établit un cadre bilatéral entre Kinshasa et Kigali. Les pourparlers de Doha, eux, portent sur les dimensions internes du conflit, notamment la restauration de l’autorité de l’État et la réintégration des groupes armés.
Malgré ces initiatives, plusieurs États et organisations internationales notamment l’Union européenne appellent à une implication accrue des organisations régionales et, plus largement, des États africains, dans la résolution du conflit entre la RDC et le Rwanda, à l’origine de la dégradation de la situation sécuritaire à l’Est du pays.
La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs regroupe douze États : l’Angola, le Burundi, la République centrafricaine, la République du Congo, la RDC, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda, le Soudan du Sud, le Soudan, la Tanzanie et la Zambie. Créée pour répondre à l’ampleur régionale des crises politiques et sécuritaires, elle œuvre à promouvoir la paix durable, la sécurité et le développement dans cette région stratégique du continent.
Clément MUAMBA