RDC : un  grave accident fait plus de 40 morts dans une mine au Lualaba

Photo d'illustration
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Un tragique accident a endeuillé ce  samedi 15 novembre, la mine de Kalando, près du village Mulondo, (territoire de Mutshatsha), dans la province du Lualaba, faisant plus de quarante morts, selon un rapport circonstancié transmis au Directeur général du Service d'Assistance et d'Encadrement de l'Exploitation Minière Artisanale et à Petite Echelle (SAEMAPE). 

Selon ce rapport, un pont de fortune jeté au-dessus d’une tranchée de délimitation aurait cédé sous la pression d’une foule affolée d’exploitants miniers artisanaux (EMA).

Les premières informations évoquent une situation de panique déclenchée par des coups de feu tirés par des éléments militaires chargés de sécuriser la zone. Dans leur fuite, les creuseurs se seraient entassés les uns sur les autres dans la tranchée profonde, causant une quarantaine de morts et de nombreuses blessures, selon un bilan provisoire. 

"Une tranchée creusée par un partenaire chinois au cœur du drame. La tranchée, creusée par l’opérateur minier partenaire chinois exploitant le site, servait à la fois de limite et de barrière de sécurité. Mais ce dispositif se serait transformé en piège mortel lorsque la structure en bois placée au-dessus a cédé, incapable de supporter le mouvement de masse des travailleurs terrorisés", indique le document consulté par ACTUALITE.CD.

Le site de Kalando, situé à 42 kilomètres au sud-est de Kolwezi, est officiellement une zone d’exploitation semi-industrielle, opérée sur le PE 2116 de la société CHEMAF. Selon le rapport, les EMA n’y accèdent que les samedis et dimanches grâce à une autorisation « sociale » accordée par un partenaire chinois identifié sous le nom de Pan Kai.

Les tensions autour du contrôle du site ne datent pas d’hier. La coopérative COMIKAM et les exploitants artisanaux avaient tour à tour dénoncé, dans des correspondances adressées aux autorités provinciales, l’occupation du site par des militaires et des acteurs non prévus par la loi. Ces forces armées auraient expulsé à plusieurs reprises les coopératives et les creuseurs, au profit de divers partenaires privés chinois, dont « J.M.J ».

Cette complexité dans la gestion du site, conjuguée à la présence d’hommes en uniforme, crée un environnement hautement instable, comme l’a souligné le SAEMAPE dans plusieurs de ses notes techniques antérieures.

Après la colère des creuseurs qui ont spontanément manifesté, le ministre provincial de l’Intérieur est descendu en urgence sur le terrain pour tenter d’apaiser les tensions. Sa présence a calmé les foules et empêché un embrasement général dans une région déjà fragilisée par les conflits autour de l’exploitation minière artisanale et semi-industrielle.

Des sources locales rapportent que les manifestants exigeaient le retrait immédiat des militaires du site et l'ouverture d'une enquête indépendante pour établir les responsabilités.

Dans son rapport, la Direction provinciale du SAEMAPE/Lualaba demande la suspension des activités pour permettre un état des lieux approfondi et d’éventuelles recherches de victimes, l’interdiction de creuser des tranchées pour sécuriser les sites, en raison des risques écologiques et sécuritaires mais également l’implication urgente des autorités nationales et provinciales, afin de garantir l’accès de ses techniciens dans un site contrôlé par des éléments armés.

Le SAEMAPE plaide aussi pour la stricte application des recommandations antérieures, notamment la formalisation d’un cadre de collaboration avec la Police des Mines et le retrait de tous les acteurs armés non prévus par la loi.

Une enquête est attendue mais pendant ce temps, la région est sous le choc. Alors que le bilan pourrait encore s’alourdir, les équipes techniques du SAEMAPE sont à pied d’œuvre pour établir les circonstances exactes du drame.

Les familles, plongées dans le deuil et la colère, réclament des explications et des mesures rapides pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise.

Timothée Prince ODIA