Persistance des crises dans les institutions provinciales : “La République ne peut être prise en otage par des ambitions personnelles ou des calculs politiciens” (Félix Tshisekedi)

Félix Tshisekedi
Félix Tshisekedi

La persistance de la déstabilisation des institutions provinciales a une nouvelle fois occupé une place centrale dans la communication du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi, lors de la réunion du Conseil des ministres tenue vendredi 14 avril 2025 à la Cité de l’Union africaine, à Kinshasa.

À cette occasion, le Président de la République a exprimé avec fermeté sa profonde préoccupation face à la recrudescence d’actes de déstabilisation au sein de plusieurs institutions provinciales du pays. Ces tensions,dit-il, matérialisées notamment par des motions jugées intempestives et infondées contre les gouvernements ou les assemblées provinciales, compromettent gravement la stabilité des entités territoriales.

Lors de la 44ᵉ réunion du Conseil des ministres, Félix Tshisekedi avait déjà appelé à l’adoption de mesures concrètes pour contenir ces crises récurrentes. Il a également salué les efforts du gouvernement, à travers le Vice-Premier ministre, ministre de l’Intérieur, dont les initiatives ont permis la signature d’un acte d’engagement par les présidents des assemblées provinciales, les membres de leurs bureaux ainsi que les gouverneurs, instaurant un moratoire sur les motions de défiance visant les exécutifs provinciaux.

"Cependant, malgré ces avancées, la situation continue de se détériorer dans plusieurs provinces. Cette dérive est inacceptable, car elle sape le fonctionnement régulier de l’État et menace les aspirations légitimes de nos populations à la paix et au développement", déplore le Président de la République dans le compte rendu lu par le porte-parole du gouvernement.

Selon ce même compte rendu, des informations concordantes sont parvenues au Chef de l’État, faisant état de manœuvres de déstabilisation orchestrées depuis Kinshasa par certains leaders politiques ou autorités morales. Ces acteurs manipuleraient des élus provinciaux pour satisfaire des intérêts partisans, au détriment du développement national.

"Le Président de la République a affirmé avec gravité que cela doit cesser immédiatement. La République ne peut tolérer que des ambitions personnelles ou des calculs politiciens prennent en otage la gouvernance provinciale et, au-delà, le pays. Les institutions provinciales ne doivent plus être instrumentalisées comme espaces de marchandage ou de pression entre acteurs politiques", a insisté Félix Tshisekedi.

En conséquence, le Chef de l’État Félix Tshisekedi a chargé les Vice-Premiers ministres, le ministre de l’Intérieur ainsi que les services d’intelligence et de sécurité de renforcer les mécanismes de suivi, d’alerte et de prévention, afin de détecter et de neutraliser toute tentative d’ingérence ou de manipulation, sans pour autant museler les droits et expressions démocratiques. Les présidents des partis et regroupements politiques ont, quant à eux, été appelés à rappeler à l’ordre leurs membres impliqués et à encourager une attitude responsable.

"Le Président de la République a demandé aux élus provinciaux de se conformer rigoureusement à la Constitution, aux lois de la République et à l’acte d’engagement qu’ils ont librement signé. Il a mis en garde tous ceux qui s’adonneraient à l’organisation, au financement ou à l’incitation à la déstabilisation des institutions. Des mesures exemplaires seront prises à leur encontre conformément aux lois de la République", prévient Félix Tshisekedi.

Rappelons-le, le gouvernement, par le biais du Vice-Premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, avait récemment demandé aux bureaux des assemblées provinciales d’adopter une résolution suspendant les motions et pétitions « pendant cette période de guerre ». Cette mesure fait suite à une vague d’instabilité marquée par la destitution de plusieurs gouverneurs et présidents d’assemblées provinciales.

S’exprimant le 5 octobre à Kinshasa devant les gouverneurs des 26 provinces et les bureaux d’assemblées provinciales, Jacquemain Shabani avait rappelé les directives du Chef de l’État issues des précédentes conférences des gouverneurs. Il avait déploré le non-respect des engagements pris en vue d’un fonctionnement harmonieux des institutions provinciales et dénoncé la prolifération d’initiatives parlementaires, souvent en violation du droit de réponse.

La décision de suspendre les motions et pétitions continue de susciter des réactions dans l’environnement sociopolitique congolais. Si les autorités y voient un moyen de préserver la stabilité institutionnelle dans un contexte d’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23, plusieurs députés provinciaux appellent à aller au-delà des simples communications politiques et à s’attaquer aux causes profondes des tensions récurrentes.

Cette position a été exprimée lundi 10 novembre 2025 par les présidents des assemblées provinciales, lors d’une rencontre à la Primature avec la Première ministre Judith Suminwa Tuluka. Les responsables des organes délibérants provinciaux ont échangé avec la cheffe du gouvernement sur la situation générale de leurs provinces.

Clément MUAMBA