Alors que la capitale Kinshasa et d’autres grandes villes du pays font face à une résurgence inquiétante de la criminalité et d’autres formes d’insécurité qui compromettent le bien-être de la population congolaise en général, et kinoise en particulier, le commissaire général de la Police nationale congolaise (PNC), Benjamin Alongaboni, a tenu une importante causerie morale avec toutes les unités de la police, à la veille de la période des festivités de fin d’année.
Cette rencontre, organisée mercredi 12 novembre 2025 au Stade des Martyrs à Kinshasa, a permis au patron de la PNC de rappeler à l’ordre l’ensemble du corps policier, face à la montée de la criminalité dans la capitale et à l’intérieur du pays. Il a exhorté les agents à " se réveiller " et à se remettre en ordre de bataille afin d’assumer pleinement leurs missions telles que définies par la loi organique portant création, organisation et fonctionnement de la police nationale congolaise.
"La première mission de la police est de protéger la population et leurs biens. Vous savez comme moi que la criminalité ne cesse d’augmenter au pays surtout à Kinshasa. Aujourd’hui, les kulunas s’enorgueillissent et se frappent la poitrine à cause de notre laxisme. Ils commettent des crimes à proximité des postes de police, sans crainte. C’est inadmissible ! Les criminels ne craignent plus la police, et certains vont jusqu’à s’en prendre à nos agents. Cela doit cesser", a martelé le commissaire général Alongaboni.
La discipline, socle de la police républicaine
L’ancien vice-gouverneur de la province de l’Ituri sous état de siège a insisté sur la nécessité de restaurer la discipline au sein de la police nationale.
"Respectez le règlement et votre hiérarchie. Certains portent des tenues ou insignes non reconnus par la logistique. Et vous, commandants, quand vous tolérez cela sans réagir, c’est de la complicité. Chaque policier doit rester dans son unité : il n’y a pas d’électron libre. Les commandants ont aussi le devoir d’organiser des formations continues sur les textes et le règlement. La police doit être à l’écoute de la population", a-t-il recommandé.
Apolitisme et intégrité : des principes non négociables
Évoquant le principe d’apolitisme, Benjamin Alongaboni a mis en garde les policiers contre toute proximité suspecte avec les politiciens.
"L’apolitisme est clairement recommandé par la loi organique. Nous ne sommes pas dans la police pour faire de la politique. Laissez les politiciens diriger le pays. Nombreux parmi vous, sont derrière les politiciens en train d'appeler “excellence” ou “honorable” et fréquentent les politiciens pour solliciter des postes. Tout cela arrive à mes oreilles. Soyez apolitiques, j’insiste", a-t-il averti le chef de la police
Fin des tracasseries et rappel à l’ordre des roulages
S’exprimant ensuite sur le fonctionnement du département de la police de la circulation routière (PCR), le numéro un de la PNC a dénoncé les tracasseries infligées aux usagers de la route par certains roulages. Il les a invités à se ressaisir et à faire preuve d’exemplarité, tout en déplorant que les Forces armées de la RDC (FARDC) soient parfois obligées d’appuyer la police dans la régulation de la circulation.
"Trop de tracasseries chez les PCR ! Beaucoup d’entre vous ne maîtrisent même pas le code de la route. À 17 ou 18 heures, on ne voit plus de PCR dans les rues, et il faut faire appel aux FARDC pour réguler la circulation. C’est honteux ! ", a-t-il déploré tout en condamnant l’usage des réseaux sociaux pendant les heures de service.
Depuis plusieurs semaines, Kinshasa et d’autres grandes villes de la République démocratique du Congo font face à une recrudescence des braquages et autres actes criminels. Face à cette situation, le gouvernement assure avoir pris des mesures fermes pour renforcer la sécurité, à l’approche des fêtes de fin d’année.
Lors de la 64e réunion du Conseil des ministres tenue le vendredi 24 octobre, la vice-ministre de l’Intérieur a indiqué que cette insécurité est principalement le fait de repris de justice. Pour y remédier, le gouvernement a décidé d’intensifier l’opération “Ndobo” à Kinshasa une mesure adoptée lors de la 63e réunion du Conseil des ministres afin de neutraliser les braqueurs et les kulunas qui opèrent désormais même en pleine journée.
Clément MUAMBA