Selon un rapport de la Société internationale de chirurgie plastique esthétique (ISAPS), le nombre des interventions chirurgicales et non chirurgicales a augmenté au niveau mondial, à environ 19,3 % au cours des quatre dernières années. En RDC, l’une des pratiques tendances à l’heure actuelle est notamment les injections. ACTUALITE.CD a recueilli cette semaine les avis des kinoises sur cette question qui bouleverse la société à Kinshasa.
Florence Ntumba est une vendeuse des friperies au marché de Matete. Pour elle, les femmes devraient plutôt consulter un nutritionniste que de recourir à une intervention chirurgicale.
« Il y a deux choix raisonnables à faire, s’assumer tel que l’on est ou consulter un nutritionniste qui peut prescrire des aliments riches en vitamines. Il y en a même deux autres, porter un boutchou (un sous vêtement féminin gainant et remontant les fesses) ou carrément faire du sport. Mais sincèrement, je déconseille vivement les injections BBL car, même si les conséquences ne sont pas immédiates, à la longue ça sera catastrophique », déclare-t-elle.
Parmi les risques potentiels, elle cite les caillots de sang pouvant conduire à la mort.
Blessing, une étudiante, se lance dans une série de questionnements.
« Aujourd’hui à Kinshasa, on dirait que la beauté se mesure à la taille du fessier. Les réseaux sociaux ont pris le contrôle : Instagram, Tik Tok, tout le monde veut ressembler à ces influenceuses que l’on voit défiler en ligne. Mais posons-nous ces questions : pourquoi cette obsession ? Est-ce vraiment pour soi, ou pour être validée par les autres ? Dans la culture africaine d’hier, la femme était belle parce qu’elle s’assumait. Elle portait son corps naturel avec dignité et confiance. Actuellement, on dirait qu’on s’éloigne de cette fierté-là. On se vend une image empruntée à d’autres, sans se demander si elle nous correspond vraiment. Pendant qu’on cherche à plaire, on oublie qu’on met sa santé, voire sa vie, en danger pour un effet temporaire », a-t-elle lancé.
Abondant dans le même sens, Naomie Moke soutient que cette pratique traduit un manque de confiance en soi.
« Je ne pense pas que ce soit une bonne pratique. À mon avis, le recours aux injections BBL traduit souvent un manque de confiance en soi et une difficulté à s’accepter telle qu’on est. C’est une manière de fuir son image naturelle au lieu d’apprendre à l’aimer ».
Au-delà de l’estime de soi, Ange Aloki, femme des médias, pense aussi que l’intention de celles qui recourent à cette pratique est de maintenir le regard masculin sur elles.
« Ça ne sert à rien de vouloir faire grossir son fessier pour impressionner les hommes, qui demain peuvent aussi vous quitter pour les femmes qui n’ont pas de fesses. D’ailleurs, certains hommes aiment les femmes qui sont naturelles et non artificielles » a-t-elle souligné.
Par ailleurs, toutes ces kinoises prônent une seule chose : s’aimer, prendre soin de soi de manière saine et naturelle, et se rappeler que la vraie beauté, c’est celle qui vient de l’intérieur.
« Ce qu’il faut s’injecter aujourd’hui, c’est de la confiance, de l’ambition et du respect de soi. Kinshasa n’a pas besoin de clones : elle a besoin de femmes fières, vraies et conscientes de leur valeur. » conclut Blessing.
Divine Mbala