Lubero : deux jours de deuil décrétés à Mukondo et Vuyinga après la tuerie d'une dizaine de civils par les ADF

Illustration. Le corps d'une victime d'attaque des ADF à Beni
Illustration. Le corps d'une victime d'attaque des ADF à Beni

La société civile de Vuyinga a décrété deux journées de deuil (mercredi et jeudi) en mémoire des 19 civils tués lors d’une attaque sanglante perpétrée par des rebelles présumés de l’ADF dans la localité de Mukondo, à environ 20 kilomètres de Mayiba sur l’axe routier Vuyinga–Mayiba (territoire de Lubero). L'attaque a eu lieu dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 octobre, plongeant la région dans une profonde tristesse et aggravant un climat d'insécurité déjà alarmant dans la chefferie de Baswagha.

En signe de solidarité avec les victimes, toutes les activités socio-économiques ont été suspendues ce mercredi 15 octobre à Vuyinga. Boutiques, marchés, magasins et autres commerces sont restés fermés, à l’exception de quelques pharmacies restées opérationnelles pour les besoins de première nécessité.

La société civile locale explique que ces journées de deuil ne sont pas seulement un hommage aux disparus, mais aussi un cri d’alarme lancé aux autorités ; elle exige un renforcement urgent des dispositifs de sécurité dans cette zone régulièrement ciblée par les islamistes ADF.

Selon Mwenge Kivisa, acteur de la société civile à Vuyinga, deux otages ont réussi à s’échapper des mains des assaillants dans les heures ayant suivi l’attaque. Leurs témoignages révèlent que les combattants auraient encore des dizaines d’otages entre leurs mains et se seraient dirigés vers la localité de Kingi.

D’après cet acteur de la société civile, si les forces de sécurité étaient intervenues à temps, ce carnage aurait pu être évité, déplore-t-il, accusant les militaires basés à Katanga d’inaction. La société civile demande un changement du commandement militaire local, pointant un manque de réactivité et de stratégie face à la menace persistante.

« En attendant une décision qui sera prise par les composantes de la société civile lors de la réunion prévue ce jeudi, les activités resteront paralysées ce même jeudi. Il n’y aura pas d’activités, même les activités scolaires seront également paralysées, parce que parmi ceux qui ont été tués, il y a des enseignants, des étudiants et des cultivateurs. Cela signifie que les massacres survenus ont touché tout le monde. C’est pourquoi nous avons demandé à la population de décréter les journées de deuil, en attendant que nous puissions enterrer nos amis qui ont été massacrés par les ADF », a déclaré à ACTUALITÉ.CD Mwenge Kivisa, acteur de la société civile à Vuyinga.

Face à la multiplicité des attaques des ADF, des centaines de familles ont fui le village de Mukondo et ses environs, cherchant refuge à Musienene, où beaucoup dorment encore à la belle étoile, sans assistance. D’autres déplacés se sont dirigés vers Butembo. Les autorités locales dont l'administrateur militaire de Lubero et le chef du groupement Manzia appellent à une intervention humanitaire urgente, sollicitant le soutien du gouvernement central et de ses partenaires humanitaires.

En réponse à cette attaque, des renforts des FARDC ont été déployés à Mukondo pour tenter de sécuriser la zone et neutraliser les éléments ADF toujours actifs, a indiqué le lieutenant Marc Elongo, porte-parole des opérations Sokola 1.

Cependant, sur le terrain, les critiques pleuvent contre l’efficacité des opérations militaires conjointes entre les FARDC et l’armée ougandaise (UPDF). La société civile locale appelle à une restructuration complète de cette collaboration, jugée inefficace face à la montée en puissance des ADF.

La récente attaque de Mukondo s’inscrit dans une série d’exactions attribuées aux rebelles ougandais ADF dans les territoires de Lubero et de Beni, où l’insécurité ne cesse de s’aggraver. Rien qu’en septembre dernier, près de 100 civils ont été tués dans deux attaques successives. À Ntoyo, à seulement sept kilomètres de Mangurejipa, 72 personnes ont été massacrées en une seule nuit. Des centaines d’enlèvements ont également été signalés.

Josué Mutanava, à Goma