Peine de mort contre Kabila : « elle est une forme de châtiment cruelle et inhumaine que nous rejetons en toutes circonstances », réagit une diplomate allemande

Joseph Kabila, président honoraire de la RDC (2001-2019)
Joseph Kabila Kabange, président honoraire de la RDC (2001-2019)

Après le verdict tant attendu de l'affaire Joseph Kabila, ancien chef de l'État (2001-2019), qui a écopé de la peine de mort devant la haute Cour militaire pour plusieurs faits infractionnels dont la participation à un mouvement insurrectionnel, une première voix diplomatique réagit avec inquiétude contre une condamnation qu'elle dit rejeter. 

Gesa Brautigam, diplomate allemande et directrice Afrique des affaires étrangères et cheffe du département pour l'Afrique subsaharienne, se dresse contre une sentence qu'elle considère de châtiment cruel et inhumain. À l'en croire, la peine de mort, prononcée contre Kabila, son pays et l'Union européenne plaident pour son abolition à travers le monde. 

« Nous avons  noté avec inquiétude la condamnation à mort de l'ancien président de la RDC, Joseph Kabila. Notre position est claire : la peine de mort est une forme de châtiment cruelle et inhumaine que nous rejetons en toutes circonstances. L'Allemagne et l'UE plaident pour son abolition dans le monde entier », a-t-il écrit sur la diplomate sur le réseau social X. 

Si la décision de la haute cour militaire a arrangé le cercle de la majorité au pouvoir, elle a, par contre, énervé quelques formations politiques et les fidèles de l'ancien président de la République, qui ont critiqué une condamnation « sans preuve Irréfragable », « une erreur judiciaire manifeste majeure » qui, d'après Aubin Minaku, mine les efforts déployés pour les initiatives de paix et le dialogue pour la réconciliation nationale. 

Dans sa décision, la Haute cour militaire a épousé les allégations portées contre Joseph Kabila. Elle affirme qu’à Goma comme à Bukavu, il tenait de « véritables réunions d’état-major pour la conduite des hostilités », qu’il procédait à des « inspections dans des centres d’instruction » des rebelles de l’AFC/M23, et qu’il avait été « le chef incontesté de tous les mouvements rebelles qu’a connus le pays depuis la rébellion de Mutebusi ». La Cour le qualifie de « chef de la coalition AFC/M23 ».

Concernant les débats autour de sa nationalité, les parties civiles avaient présenté Joseph Kabila comme « Rwandais ». La Cour s’est déclarée incompétente sur cette question, renvoyant ces demandes devant le gouvernement et précisant qu’elle ne statuerait que « sur la personne et les faits ». La Haute cour militaire a aussi rejeté la demande de mise sous séquestre des biens de Joseph Kabila formulée par l’auditeur général des FARDC.

En mars 2024, le gouvernement congolais avait décidé de lever le moratoire sur la peine de mort au pays, justifiant cette décision par la volonté de lutter contre le terrorisme, le banditisme urbain et la trahison au sein de l'armée. Depuis la levée du moratoire, de nombreuses condamnations à mort ont été prononcées pour des crimes tels que les actes de trahison, l'espionnage ou le banditisme, sans toutefois qu'aucune exécution n'ait été enregistrée après 2003. 

Samyr LUKOMBO