L’humanité continue d’être secouée par des guerres et des tensions dans plusieurs régions du monde. Au Moyen-Orient, l’interminable conflit entre Israël et la Palestine perdure. En Afrique centrale, l’Est de la République démocratique du Congo fait face à un conflit vieux de plus de trois décennies, opposant le pays au Rwanda. À cela s’ajoute une situation sécuritaire préoccupante au Soudan.
Se présentant comme l’avenir de l’humanité, des jeunes Congolais et d’autres nationalités africaines se sont réunis samedi 15 novembre 2025 à la place Idrissa Diallo de Barcelone ( Espagne) pour dénoncer ce qu’ils qualifient de génocides ravageant le continent, particulièrement au Soudan et en RDC. Ils disent avoir refusé de se taire, estimant que derrière chaque massacre, chaque corps sans vie, chaque village détruit, se cache un système global qui organise et finance ces atrocités : l’impérialisme, selon eux, avec en tête l’Union européenne, les États-Unis et certains pays du Golfe.
"Ce qui se passe au Soudan et en RD Congo ne sont pas des conflits isolés ni des luttes ethniques, comme le prétendent les médias occidentaux. Ce sont des expressions directes de la violence structurelle du capitalisme, de son besoin constant de s’étendre, exploiter et détruire pour maintenir ses bénéfices. Le problème n’est pas le “manque de démocratie” ni la “corruption locale”, mais le capitalisme impérialiste qui organise le pillage des peuples. Il n’y a pas d’issue dans ce système, car le génocide n’est pas une erreur mais une nécessité du capital. Les guerres, les famines, les migrations forcées sont son mode de fonctionnement normal" ont-ils dénoncé dans un manifeste lu lors du rassemblement.
Face à cela, les manifestants estiment que la réponse ne peut se limiter à l’indignation ou à la charité. Selon eux, elle doit être politique, révolutionnaire, internationaliste. La solidarité, affirment-ils, ne peut rester morale : elle doit se traduire en organisation et en action.
"Nous appelons la diaspora africaine, la jeunesse et la classe ouvrière des pays impérialistes à prendre conscience de leur rôle dans ce système. Nous ne pouvons rester passifs alors que nos gouvernements financent la guerre et le pillage. Nous devons nous organiser pour combattre les appareils impérialistes depuis le cœur même de l’empire : en boycottant les entreprises qui profitent du génocide, en dénonçant les gouvernements qui le soutiennent, en construisant des réseaux de solidarité avec les organisations révolutionnaires des territoires colonisés. La lutte des peuples africains est la même que celle du peuple palestinien, des travailleuses précaires en Europe de plus en plus issues du prolétariat migrant ou des communautés indigènes en Amérique latine : une lutte commune contre le capitalisme, le racisme et le colonialisme", ont-ils poursuivi.
À propos de la République démocratique du Congo, ils soulignent que ce qu’ils qualifient de génocide prend la forme d’une exploitation systématique. Depuis plusieurs décennies, affirment-ils, des millions de personnes y ont péri dans une guerre alimentée par des firmes multinationales se disputant le contrôle de minerais indispensables à l’économie mondiale contemporaine : coltan, cobalt, or, lithium.
"Ces minerais, extraits par des enfants réduits à l’esclavage, sont ceux qui permettent la fabrication des téléphones portables, ordinateurs et véhicules électriques dont l’Europe et les États-Unis se vantent au nom de la modernité et de la durabilité. Les entreprises technologiques qui dominent le monde dépendent du sang des Congolais. Parmi elles, on retrouve le capital israélien : le même État qui exécute aujourd’hui un génocide en Palestine participe activement à l’exploitation du Congo, reproduisant la même logique coloniale de dépossession et d’extermination appliquée contre le peuple palestinien. Le lien n’est pas fortuit : tant à Gaza qu’au Kivu, tant au Darfour qu’en Cisjordanie, s’impose la même rationalité du capital et du pouvoir", ont-ils déclaré.
Bien avant cette mobilisation en Espagne, des Congolais de la diaspora, notamment en Belgique, avaient déjà alerté sur la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, marquée selon eux par l’agression rwandaise via la rébellion de l’AFC/M23, qui contrôle une grande partie du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Dans ce contexte, ils étaient descendus dans les rues de Bruxelles, le samedi 1ᵉʳ novembre 2025, pour réclamer le rétablissement de la paix dans cette région meurtrie par près de trois décennies de conflits armés.
Clément MUAMBA