Lubero: activités paralysées à Musienene après l’enlèvement de cinq jeunes par des miliciens Maï-Maï

Lubero sur la carte du Nord-Kivu
Lubero sur la carte du Nord-Kivu

Les activités socio-économiques ont été complètement paralysées ce mercredi 1er octobre à Musienene, chef-lieu de la chefferie des Baswagha, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu). À l’origine de cette situation, une manifestation populaire dénonçant l’enlèvement de cinq jeunes garçons originaires de la région, enlevés par des miliciens Maï-Maï fidèles au général autoproclamé Ngendu.

Selon les informations recueillies sur place par ACTUALITÉ.CD, le président de la société civile locale, Kambale Maboko Fanuel, affirme que deux de ces jeunes ont été enlevés le lundi 29 septembre dans la soirée, et les trois autres le mardi 30 septembre, dans les mêmes circonstances. Ils auraient d’abord été arrêtés, puis kidnappés par les miliciens.

Dès les premières heures de la matinée, la colère s’est propagée dans les villages voisins de Musienene, notamment à Katolo et Kihya. Les élèves qui s’étaient rendus à l’école ont été renvoyés chez eux. Boutiques, magasins et officines pharmaceutiques sont restés fermés, témoignant de l’ampleur de la mobilisation populaire.

La situation a également affecté la circulation sur la route nationale numéro 2, reliant Butembo à Goma. Les véhicules en provenance de Butembo et à destination de Goma ont été contraints de rebrousser chemin en raison des barrages dressés dans la région, a précisé le président de la société civile de Musienene.

La peur d’une escalade de violence pousse déjà plusieurs familles à fuir Musienene pour se réfugier à Butembo, redoutant d’éventuelles représailles entre les miliciens et les manifestants.

« La situation n’est pas bonne ici à Musienene. Dans une partie des villages Katolo et Kihya, les activités sont paralysées. Hier et avant-hier, cinq jeunes civils originaires de Musienene ont été arrêtés par les miliciens Maï-Maï du général Ngendu et transférés à Kalunguta. Ils sont accusés d’avoir été retrouvés dans leurs maisons avec des effets militaires. Cette situation a provoqué la peur au sein de la population, car les arrestations ont eu lieu pendant la nuit. Hier, les élèves ont été refoulés des écoles, et c’est encore le cas aujourd’hui. Le trafic entre Goma et Butembo est également perturbé, suite à une manifestation de la population », fait savoir cet acteur de la société civile.

Une insécurité grandissante dans une zone abandonnée par l’État

Pour rappel, les miliciens affiliés au groupe Wazalendo sont régulièrement accusés de nombreuses exactions contre les civils à Musienene et dans la chefferie des Baswagha. Pillages, tracasseries, viols, arrestations arbitraires, perception illégale de taxes, et érection de barrières non autorisées sont devenus le quotidien des habitants, selon plusieurs sources locales concordantes.

Le président de la société civile dénonce également l'usurpation de l'autorité judiciaire par ces groupes armés, l’usage incontrôlé d’armes à feu, le gaspillage de munitions, et des violations graves des droits humains. Parmi les victimes citées figurent Charles Kambale et Vianney, arrêtés arbitrairement par ces miliciens la semaine dernière.

Dans cette zone où l’autorité de l’État est totalement absente, les groupes armés, en particulier les miliciens Wazalendo, imposent leur loi dans une impunité totale, au grand désarroi des populations locales.

Face à cette situation alarmante, la société civile et les forces vives de Musienene ont remis un mémorandum à l’administrateur militaire du territoire de Lubero, le 17 septembre dernier. Elles y dénoncent les exactions commises par des miliciens se réclamant du mouvement Wazalendo et réclament leur départ immédiat ainsi qu’une sécurisation durable de cette partie du territoire.

Josué Mutanava, à Goma