RDC: auprès de Lacroix, Lamuka insiste sur l'application "intégrale" de la résolution 2773 et plaide pour des pressions sur Félix Tshisekedi pour la convocation du dialogue national

Jean-Pierre Lacroix
Jean-Pierre Lacroix

Après sa rencontre avec l'équipe pays du système des Nations-Unies, Jean-Pierre Lacroix, secrétaire général adjoint et chef du maintien de la paix de l'ONU a entamé, ce jeudi 4 septembre, sa visite en République Démocratique du Congo par une rencontre avec les acteurs politiques de l'opposition. Dans les installations de la Monusco/Utex Africa, le numéro 2 de l'ONU a échangé avec les représentants de Lamuka conduits par Martin Fayulu, le parti politique Alliance pour le Changement (A.Ch.) de Jean-Marc Kabund et les délégués d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi.

Au menu des discussions, la situation sécuritaire et politique dans un contexte marqué par la guerre d'agression rwandaise via l'AFC/M23 dans l'Est de la RDC. Selon Prince Epenge, sa formation politique a, lors de cette rencontre, rappelé l'urgence d'appliquer la résolution 2773 mais aussi la nécessité de la tenue d'un dialogue national et inclusif. 

" Lamuka et ADD Congo, nous avons mis un accent particulier à travers la bouche du président Martin Fayulu pour demander à Jean-Pierre Lacroix qui est allé voir Félix Tshisekedi cet après-midi que les Nations-Unies appliquent sa propre résolution 2773 qui a été votée pour rappeler au gouvernement incapable de protéger les Congolais son devoir, pour rappeler également ceux qui ont pris les armes leur devoir mais nous avons également demandé à Monsieur Jean-Pierre Lacroix que nous, Lamuka, la priorité, c'est un cessez-le-feu immédiat, il faut que les armes se taisent et soient mises à terre. Nous avons démontré à Monsieur Lacroix la nécessité et l'urgence d'un dialogue national inclusif où tous les enfants du Congo nous allons nous parler et échanger ", a fait savoir Prince Epenge, porte-parole de la coalition Lamuka.

Lamuka estime que ce dialogue national ne doit pas être un monologue comme préconisé par Félix Tshisekedi devant les membres de l'Union sacrée de la nation. Dans le même registre,ils ont plaidé pour la cessation des menaces à l'endroit des opposants.

" Ce dialogue que nous demandons n'a absolument rien avoir avec le monologue que Félix Tshisekedi préconise tels qu'il a dit devant le comité central du MPR/Union Sacrée au Palais de la culture. Nous avons insisté sur la fin de l'oppression politique. Nos frères, congolais de sang, sont en exil aujourd'hui. Il faut que ça s'arrête, il faut que ces Congolais puissent avoir leurs passeports et rentrer au pays. Il faut que le Prince Epenge qui est menacé, nos militants qui fuient le pays, les activités politiques interdites le cas de l'Ecide au Kongo Central, que ces intimidations et oppressions cessent immédiatement, qu'on laisse les politiciens, activistes faire leurs activités, ceux qui sont en prison comme Jacky Ndala sorte de la prison parce-que nous devons baliser le chemin pour la réconciliation ", a souligné ce proche de Martin Fayulu.

La situation humanitaire préoccupante dans l'Est de la RDC était également au menu des discussions. Occasion pour eux de solliciter un regard attentif des Nations-Unies.

" Il y a plus de 7 millions de déplacés internes qui passent nuit à la belle étoile sans eau, sans électricité, sans nourriture, sans protection et les pluies reviennent bientôt. Nous avons demandé à Monsieur Lacroix de faire en sorte que les Nations-Unies augmentent son aide à l'endroit de nos frères et sœurs qui sont là-bas, le gouvernement les a oubliés ", a fait remarquer Prince Epenge.

Le secrétaire général adjoint des Nations-Unies, chargé des opérations de paix, a entamé une nouvelle visite officielle en RDC du 3 au 7 septembre 2025. D'après un communiqué de la Mission des Nations-Unies en RDC, cette mission du numéro 2 de l'ONU s’inscrit dans le prolongement de sa précédente visite en février-mars 2025 et vise à réaffirmer l’engagement constant des Nations Unies en faveur des processus de paix en cours, ainsi que de la protection des civils, dans la perspective d’une paix durable et d’une stabilité renforcée en RDC et dans la région des Grands Lacs. 

Au lendemain de l'occupation des villes de Goma et Bukavu par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda, des efforts diplomatiques majeurs sont en cours pour tenter de résoudre la crise sécuritaire entre Kinshasa et ce mouvement. L’Accord de Washington signé grâce aux États-Unis d'Amérique et le processus de Doha piloté par l'État du Qatar sont les deux volets complémentaires d’une initiative diplomatique majeure visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés comme l'AFC/M23.

Appelé à prendre des décisions pour la convocation du dialogue national au lendemain de la publication de la feuille de route par les confessions religieuses, le Chef de l'État Félix Tshisekedi rappelle qu'aucune initiative de dialogue ne peut se faire en dehors de son initiative. Intervenant lors du deuxième congrès de l'Union sacrée pour la nation (USN), Félix Tshisekedi a réaffirmé son attachement à un dialogue national rejetant toute forme de médiation orchestrée à partir de l'extérieur du pays. Il a réaffirmé son soutien à l'accord de Washington et au processus de Doha, deux initiatives diplomatiques d’après lui, qui vont aider la RDC à se débarrasser des influences extérieures visant à déstabiliser les institutions et le pays surtout au plan sécuritaire. 

Clément MUAMBA