Rentrée scolaire 2025-2026 : plusieurs écoles à Lubero en difficulté d'ouvrir leurs portes suite à l'instabilité sécuritaire liée à l'activisme des groupes armés

Salle de classe dans une école à Beni
Salle de classe dans une école à Beni

La rentrée scolaire n’a pas eu lieu dans de nombreuses écoles primaires et secondaires de la chefferie de Baswagha, dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu), ce mardi 2 septembre 2025, au deuxième jour de la reprise des cours. Cette situation s’explique, d’une part, par les récentes offensives entre les miliciens Maï-Maï et la coalition FARDC-UPDF.

Ce mardi, selon Mwenge Kivisa, enseignant à l’institut Alfajiri à Maboya, contacté par ACTUALITÉ.CD, les élèves et écoliers vêtus de bleu et blanc étaient peu nombreux. Plusieurs écoles à Vuyinga, Mabambi, Ngongi ou encore Kalundu n’ont pas ouvert leurs portes. Partout, on note une absence massive d’élèves. À Musingiri, presque toutes les écoles n’ont pas connu de rentrée.

Il signale également que certains parents ont procédé au retrait des bulletins scolaires de leurs enfants dans plusieurs écoles de la chefferie de Baswagha. Ils préfèrent les inscrire dans des établissements situés dans des zones jugées plus sûres, allant jusqu’à Butembo pour garantir leur sécurité.

« Je suis partie de Vuyinga, il était environ 7h. Je n'ai vu aucun élève. Mais au niveau de notre école, j'ai vu une dizaine d'élèves qui sont venus au cours. Toutefois, par rapport aux années passées, j'ai compris que la situation reste vraiment critique. Quand j'ai essayé de parler avec certains élèves, ils ont dit qu'ils avaient encore peur, craignant les combats entre les deux belligérants qui se regardent : il s'agit des miliciens Maï-Maï et de la coalition FARDC-UPDF. Tant que ces deux belligérants continuent à se faire face ainsi, il n'y aura vraiment aucune paix dans ces entités.

Hier (lundi), nous avons passé toute la journée à l'école, mais aucun élève n'est venu se faire inscrire, surtout dans la classe de septième année. Par contre, plusieurs parents sont venus retirer les dossiers de leurs enfants pour aller les faire scolariser dans des villages ou des entités supposés sécurisés », a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, dans le secteur de Bapere, toujours dans le territoire de Lubero, 24 écoles n’ont pas pu ouvrir leurs portes en raison de l’insécurité persistante liée à l’activisme des rebelles ADF.

Selon Kakule Kaheni Samuel, président de la société civile locale, la présence des combattants ADF dans plusieurs villages empêche la reprise normale des cours. Au total, 17 écoles primaires et 7 écoles secondaires ne fonctionnent plus depuis la résurgence de ces assaillants dans la zone. « Personne n’ose y accéder en raison des menaces constantes », a-t-il expliqué, citant notamment les localités de Midede, Bandulu, Ombole, Isange, Mabuo et Fatua.

Pour éviter une année blanche, les élèves concernés sont redirigés vers des écoles de Mangurijipa, où la sécurité est jugée relativement stable. « Les apprenants de ces zones sont accueillis dans des établissements sécurisés, mais les conditions d’apprentissage restent difficiles », précise Kaheni Samuel.

Face à cette situation préoccupante, la société civile appelle les forces armées congolaises et leurs alliés ougandais à intensifier les opérations militaires contre les ADF. Depuis plusieurs mois, le secteur de Bapere est l’un des épicentres de l’activisme de ce groupe armé, malgré les offensives annoncées par l’armée congolaise et son partenaire ougandais.

Déjà la veille de la rentrée scolaire 2025-2026, l’administrateur du territoire de Lubero, le colonel Kiwewa Mitela Alain, avait lancé un appel à la construction de nouvelles salles de classe et à la réhabilitation de certains bâtiments scolaires en mauvais état, souvent utilisés comme dortoirs par les déplacés.

Selon lui, plusieurs écoles situées notamment à Musienene et à Lubero-Centre, chef-lieu du territoire, ne disposent pas d’infrastructures suffisantes pour accueillir les nombreux élèves déplacés, notamment ceux ayant fui les zones sous occupation de l’AFC/M23.

L’année scolaire dernière (2024-2025), plus de 5 000 enfants ont été privés d’éducation à cause de l’insécurité qui sévit dans cette partie du territoire de Lubero. Cette situation a été révélée par le conseil local de la jeunesse, qui la justifie par les multiples attaques menées par les islamistes ADF en janvier, ciblant plusieurs villages.

Plusieurs familles de cette entité, craignant pour leur sécurité, ont été contraintes de fuir, laissant les écoles derrière elles. Certaines salles de classe se sont même transformées en camps pour les miliciens wazalendo, compliquant davantage la situation.

Prince Kasyano, président du Conseil local de la jeunesse, appelle à une intervention urgente de la coalition FARDC-UPDF pour sécuriser la zone et relocaliser les positions militaires loin des établissements scolaires, afin de permettre le retour des enfants à l'école.

Josué Mutanava, à Goma