Est de la RDC : Twirweneho évoque ses liens avec le M23 bien avant l’avènement de l’AFC, les pourparlers bâclés de Nairobi et le processus de Doha auquel la milice dit ne pas être partie prenante

Le chef militaire de Twirweneho (Sud-Kivu), le colonel déserteur, Charles Sematama s’est exprimé cette semaine sur les liens entretenus avec la rébellion de l’AFC/M23 (Nord-Kivu), les pourparlers bâclés de Nairobi entre le gouvernement congolais et les groupes armés actifs dans l’est du pays, et il n’a pas oublié de mentionner le processus de Doha (Qatar) qui implique Kinshasa et l’AFC/M23.

Dans une vidéo partagée sur la toile, Charles Sematama qui est sous sanctions américaines s’adressait aux membres de Twirweneho expliquant notamment l’objectif de leur lutte dans les hauts plateaux, au Sud-Kivu. Il a souligné que Twirweneho et l’AFC/M23 ont les mêmes objectifs et un ennemi commun qui est l’armée congolaise. Il a surtout mentionné le fait que sa milice avait des liens de collaboration avec le M23 bien avant la création de l’Alliance Fleuve Congo (AFC).

« Je vous explique comment ça s’est passé avant l’arrivée de l’AFC », a-t-il introduit en kinyarwanda devant les membres de Twirweneho sous une cabane.

« L’AFC est venue alors que nous avions déjà des compromis ou une collaboration avec le M23. Nous avions des accords pour travailler ensemble, car nous avons un seul ennemi. Les problèmes qu’ils ont [au Nord-Kivu] et les nôtres sont les mêmes. Voilà pourquoi nous nous sommes mis ensemble pour vaincre l’ennemi et voir si la population pouvait avoir la paix. En ce qui concerne la politique, nous allons en débattre plus tard », a déclaré Charles Sematama.

La milice Twirwaneho qui a également l’appui des rebelles burundais de Red Tabara soutenus à leur tour par le Rwanda, a officialisé son appartenance au mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC) en février de cette année. C’était juste après la mort d’un autre colonel déserteur, Michel Rukundo alias Makanika, ancien chef de Twirweneho tué dans une frappe de drone à Minembwe, dans le territoire de Fizi (Sud-Kivu).

« Quand l’AFC est venue, nous avons adhéré et nous avons voulu publier l’information pour que tout le monde sache que nous sommes dans l’AFC. Nous sommes entrés dans l’AFC, mais nous avions changé d’avis et nous avons parlé aux responsables pour leur dire que nous ne voulions pas que cela soit rendu public », a expliqué Charles Sematama afin de ne pas attirer l’attention de « l’ennemi ».

Le président de Twirweneho, Freddy Kaniki est l’un des coordonnateurs adjoints de l’AFC et participe aux activités de l’alliance aux côtés de Corneille Nangaa, Bertrand Bisimwa, Sultani Makenga et autres.

Pourparlers avec le gouvernement

Charles Sematama s’est exprimé également au sujet des différentes initiatives de paix passées et actuelles. Il a indiqué que sa milice n’est pas partie prenante aux pourparlers avec le gouvernement. Twirweneho n’est donc pas partie prenante au processus de Doha. 

« Nous ne sommes pas dans le dialogue. Nous avions participé à d’autres dialogues tenus auparavant, notamment celui auquel le coordonnateur avait pris part au Kenya, ils sont partis avec tous les groupes. Quand ils sont arrivés là-bas, le M23 avait été chassé et retiré des pourparlers ; ils avaient déclaré que c’était un mouvement terroriste qui ne devait pas participer au dialogue et le M23 était parti tout simplement », a-t-il dit parlant du processus de bâclé de Nairobi.

Il a ajouté : « Depuis ce temps-là jusqu’à aujourd’hui, même nous, nous ne sommes dans aucun processus de dialogue ou de pourparlers en cours. Ils [AFC/M23] ont entamé le dialogue avec le gouvernement mais nous, nous ne sommes pas concernés ».