Marcelo Tunasi: "Je n’ai pas tué la mère de mes enfants"

Marcelo Tunasi
Marcelo Tunasi

Le pasteur congolais Marcelo Jérémie Tunasi, responsable de la Communauté du Centre de Réveil, d’Évangélisation, de Formation et de Mission (CREFM), également connue sous le nom de l’Église La Compassion, a rompu ce dimanche à Kinshasa un long silence en livrant publiquement sa version des tensions persistantes qui l’opposent à sa belle-famille, suite au décès de son épouse Blanche Odia Kandolo en juin 2024.

Blanche Odia Kandolo est décédée le 12 juin 2024 à Istanbul, en Turquie, d’un arrêt cardiaque survenu après une intervention chirurgicale, selon les explications fournies par son mari. « Elle est partie en Turquie samedi, je l’ai rejointe dimanche pour signer les papiers nécessaires à son opération », a déclaré le pasteur. Elle est décédée à l’hôpital, a-t-il insisté. « Je n’ai pas tué la mère de mes enfants », a-t-il déclaré, dénonçant des accusations implicites de responsabilité dans la mort de son épouse. « Lorsqu’on devient grand dans ce pays, tout décès autour de toi devient suspect », a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs justifié le rapatriement rapide du corps de son épouse par des moyens personnels et ses relations. « Quand tu as les moyens, ça peut aller vite. Le médecin a été touché par ce qui m’est arrivé. J’ai demandé que tout soit fait pour rentrer. »

Héritage contesté : du projet immobilier à une réclamation de 800 000 dollars

Dans son intervention, Marcello Tunasi est revenu sur le litige qui l’oppose à la famille de son épouse décédée. Il affirme avoir entrepris, en mémoire de Blanche, la construction d’une maison pour sa belle-mère sur l’une de ses parcelles à Bibwa (terrain de 10 ou 15 mètres sur 30). Le projet était déjà entamé avec l’architecte qui travaille aussi sur les chantiers de son église.

Il explique avoir également informé la branche paternelle de la famille pour des raisons de transparence. C’est à ce moment-là, dit-il, qu’on lui aurait exigé une somme équivalente à celle investie dans la maison, mais en espèces. Devant cette exigence, il affirme avoir proposé un montant global de 250 000 dollars à répartir entre les deux branches familiales.

Mais la belle-famille aurait rejeté cette proposition, arguant que la maison pour la mère ne faisait pas partie de l’héritage mais constituait un cadeau que Blanche avait promis. Ils auraient alors exigé 800 000 dollars en tout, selon lui. Une réclamation confirmée, toujours selon Tunasi, par des documents transmis via leurs avocats. « J’ai dit que je ne pouvais pas. Ce n’est pas juste », a-t-il tranché.

Contestation du rôle de liquidateur et mise en cause juridique

Le pasteur affirme que certains membres de la famille de Blanche ont également contesté son rôle légal de liquidateur des biens communs, demandant que cette fonction revienne à sa belle-mère. « Comment peut-on demander que quelqu’un d’autre liquide mes biens alors que je suis vivant ? », s’est-il interrogé.

Il explique avoir entamé un inventaire légal de ses biens, conformément au code de la famille congolais, dans le cadre d’un régime de communauté de biens avec quatre héritiers. À ce jour, la part estimée revenant aux héritiers serait, selon lui, inférieure à 150 000 dollars, en raison notamment du fait que certains biens sont déjà au nom des enfants et qu’une parcelle a été vendue à un orphelinat à un prix symbolique.

Pressions, accusations, et attaques sur Internet

Marcello Tunasi dit que, malgré les négociations engagées entre avocats, des membres de sa belle-famille ont opté pour une stratégie d’attaques publiques et de diffamation via Internet. « Ils m’ont clairement dit : ‘nous allons détruire ton ministère, ta réputation, ton Église’ », a-t-il déclaré.

Il dit avoir reçu un appel anonyme depuis l’Afrique du Sud, au cours duquel l’interlocuteur lui aurait indiqué posséder des enregistrements vocaux de Blanche adressés à sa mère, utilisés pour discréditer leur couple. Ces contenus, déclare-t-il, ont été sortis de leur contexte pour déformer la réalité de leur vie conjugale. « En 18 ans, jamais nous n’avons parlé de divorce. Je ne l’ai jamais frappée, jamais insultée. »

Il ajoute qu’il lui avait même redemandé sa main peu avant son décès, lui offrant une bague en diamant lors d’un séjour au Botswana.

Remariage et nouvelles accusations

Marcello Tunasi s’est remarié avec Esther Aïcha en juillet 2025 à Bruxelles.  Il nie formellement avoir fréquenté Esther du vivant de Blanche : « Je l’ai rencontrée après le départ de Blanche, par un ami. Elle n’était jamais venue à Kinshasa avant. »

Il réfute aussi les allégations selon lesquelles il aurait voyagé au Canada à plusieurs reprises pour la voir : « Je ne suis allé au Canada que deux fois dans toute ma vie, pendant que Blanche était encore en vie. Après, je n’ai pas obtenu de visa. »

Affaire des vêtements : accusation de "sacs poubelles"

Une autre controverse évoquée par Tunasi concerne la remise des vêtements de Blanche à sa famille. Il rejette l’accusation selon laquelle il aurait utilisé des sacs poubelles pour cela. « Ce sont des valises et de grands sacs. Il y en avait beaucoup. Ils ont même dû utiliser un bus pour tout emporter. »

Il précise avoir des photos montrant exactement le nombre de sacs et de valises remis : quatre valises et six grands sacs. Il propose de les transmettre à ses collaborateurs pour publication si nécessaire.

Dénonciation d’un "chantage"

Le pasteur considère l’ensemble de la situation comme une tentative de chantage, motivée par l’argent. Il affirme que des membres de la belle-famille lui auraient dit : « Donne-nous l’argent, sinon nous allons te détruire. » Il maintient sa proposition de 250 000 dollars comme un geste de paix et d’honneur pour Blanche, mais refuse l’exigence de 800 000 dollars qu’il juge démesurée et injuste.

Marcello Tunasi a appelé ses fidèles à ne pas répondre à la haine. « Ce combat est spirituel. L’Église est visée, pas seulement moi », a-t-il déclaré, évoquant l’attaque d’un soi-disant « esprit du Léopard » qu’il considère comme une entité malveillante régnant sur la société.

« Ce n’est pas le moment de combattre dans la chair. Restons enracinés dans la vérité, dans l’amour et dans la prière », a-t-il prêché, en citant Matthieu 5:44 : « Priez pour ceux qui vous calomnient. »

Il a précisé que ses avocats sont les interlocuteurs désignés pour toute question juridique sur le dossier. Il a également annoncé qu’il s’agissait de l’avant-dernière prise de parole sur cette affaire, et qu’un dernier message interviendrait dans les mois à venir. La famille de Blanche Kandolo, en contact également avec ACTUALITE.CD, a promis de se prononcer par voie de communiqué de presse.