Rutshuru : les activités scolaires perturbées à Bambo suite aux combats entre les rebelles de l’AFC/M23 et les miliciens wazalendo depuis trois semaines

Carte du territoire de Rutshuru
Carte du territoire de Rutshuru

Depuis trois semaines, les cours sont suspendus dans la quasi-totalité des écoles à Bambo, dans la chefferie de Bwito (territoire de Rutshuru) au Nord-Kivu. À l’origine, les affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les miliciens wazalendo. Une situation qui plonge des milliers d’élèves et les enseignants dans l’incertitude.

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Malgré les assurances données par les autorités locales et relayées dans les médias locaux, la reprise des cours annoncée pour lundi n’a pas eu lieu. Ce vendredi 30 mai, rien ne semble indiquer une amélioration de la situation sur le terrain. La frustration monte dans les familles, alors que l’avenir de l’année scolaire 2024-2025 reste en suspens.

Dans les sous-divisions éducatives de Rutshuru 1 et 2, le redémarrage des activités scolaires se heurte à une insécurité croissante. Plus d'une trentaine d'établissements scolaires, notamment dans les localités riveraines du lac Édouard, demeurent fermés. Les enseignants et élèves ont fui les zones à risque, trouvant refuge dans des localités comme Bambo centre ou Muliki, dans le groupement de Mutanda.

« Depuis le début des affrontements ici à Bambo, plusieurs enfants sont à la maison depuis des semaines. Ils posent des questions, mais nous n’avons pas de réponses à leur donner », confie une mère de famille à Kiwanja, visiblement préoccupée.

La surpopulation à Bambo centre rend la situation encore plus difficile. Les familles d’accueil manquent de ressources, et les déplacés, arrivés mains vides vivent dans des conditions précaires. Ils n’ont pas d’abris, manquent d’eau potable, et sont sans soins. Le manque de sécurité empêche aussi l’accès aux champs, aggravant l’insécurité alimentaire.

Malgré plusieurs tentatives, les responsables éducatifs de Rutshuru 1 et 2 sont restés injoignables.

Quoique ces conditions soient extrêmement difficiles, le directeur provincial a.i de la province éducationnelle du Nord-Kivu a assuré que les examens nationaux notamment l’Examen d’État, le TENAFEP et le TENASOSP se tiendraient comme prévu. Le calendrier scolaire est, pour l’heure, maintenu jusqu’en juillet 2025.

« Les élèves des zones affectées par la guerre prendront part aux examens nationaux, notamment l'Examen d'État (EXETAT), le Test National de Fin d'Études Primaires (TENAFEP) et le Test National de Sélection, d'Orientation Scolaire et Professionnelle (TENASOSP) », a-t-il déclaré.

Pour l'intersyndicale des enseignants du territoire de Rutshuru, le danger d’une année scolaire blanche est bien réel. « Comment peut-on envisager des examens nationaux quand les élèves n’ont pas étudié depuis des semaines, voire des mois pour certains ? », s’interroge un enseignant, syndicaliste local.

La situation n’est pas isolée. Dans le territoire voisin de Lubero, les violences persistantes ont également impactées sur l’éducation. Selon un rapport de l’UNICEF, près de 50.000 enfants y ont déjà été privés d’école. Une crise éducative d’ampleur est à craindre si des mesures d’urgence ne sont pas prises rapidement.

Sur le terrain, la situation reste volatile. Des tirs à l’arme lourde ont encore été entendus ce jeudi. Les violations des droits humains continuent d’être signalées, plongeant les populations dans une peur constante. La zone de Bambo est de plus en plus isolée et la population est à bout, alerte un notable local.

Josué Mutanava, à Goma