Est de la RDC: Amnesty International appelle l’AFC/M23 à libérer les civils «en détention arbitraire», victimes de torture

Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025
Les rebelles du M23 à Bukavu le 20 février 2025

Amnesty International a révélé ce mardi 27 mai que les rebelles de l’AFC/M23, qui contrôlent les villes de Goma et Bukavu, ainsi que plusieurs localités dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, procèdent aux arrestations et détentions arbitraires des civils, couplées d'actes de torture. 

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Cette ONG de défense des droits de l’homme rappelle que ces actes au nombre desquels s'ajoutent la prise en otage des détenus et leur soumission à des conditions inhumaines, violent le droit international humanitaire et sont susceptibles de constituer des crimes de guerre. Elle appelle, en effet, les rebelles à libérer immédiatement les civils en détention arbitraire et à traiter avec humanité les détenus, à qui ils doivent permettre de se mettre en contact avec leurs avocats et familles.

«Amnesty International demande au M23 de libérer immédiatement les civils maintenus en détention arbitraire, y compris ceux qui sont victimes de disparitions forcées et dont le sort doit être révélé. Le M23 doit traiter les détenus avec humanité et leur permettre de pouvoir consulter des avocats et communiquer avec leur famille. Enfin, des organismes de surveillance indépendants doivent être autorisés sans attendre à se rendre dans tous les sites de détention du M23», lit-on dans un communiqué consulté par ACTUALITÉ.CD.

Par ailleurs, Amnesty International s'indigne quant à la brutalité avec laquelle les rebelles punissent ceux qui s'opposent à eux, ainsi que l'intimidation qu'ils utilisent pour taire toutes les voix discordantes. Elle sollicite la pression des acteurs régionaux et internationaux pour contraindre le Rwanda à cesser son soutien aux rebelles de l’AFC/M23.

« Les déclarations publiques du M23 concernant le rétablissement de l'ordre dans l'est de la RDC masquent la façon ignoble dont il traite les détenus. Il punit avec brutalité ceux qu'il considère comme des opposants et intimide les autres, de sorte que personne n'ose le contester, a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional d'Amnesty International pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique australe. Les acteurs régionaux et internationaux doivent faire pression sur le Rwanda pour qu'il cesse de soutenir le M23», a-t-elle ajouté.

Depuis l'occupation de plusieurs localités dans l'est de la RDC par les rebelles du AFC/M23, Kinshasa n'a de cesse de dénoncer des assassinats des civils, des arrestations, des cas de torture, l'installation d'une administration parallèle, l'épuration ethnique ainsi que l'installation des familles rwandaises sur le sol Congolais.  La rébellion et le gouvernement de Kinshasa avaient signé un communiqué conjoint, début avril à Doha au Qatar, pour un cessez-le-feu définitif. Néanmoins, des combats éclatent dans certains coins entre l'armée congolaise et les rebelles, remettant en question le communiqué conjoint signé à la surprise générale.

Samyr LUKOMBO