Dans un rapport rendu public mardi 13 mai 2025, l’Observatoire africain des ressources naturelles (Afrewatch, African Resources Watch), structure membre de la coalition « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV), révèle un faible taux d’exécution des projets d’infrastructures, principalement routières, dans le cadre de la première phase de la convention entre le gouvernement de la RDC et le Groupement d’entreprises chinoises (GEC), pour la période allant de 2008 à 2023.
D’après le rapport, la Sino-Congolaise des mines (Sicomines) s’était engagée à construire 6 538 km de routes. Le gouvernement de la RDC n’en a réceptionné que 1 132 km, soit un taux d’exécution de 17 %, « sans qu’aucune justification ne soit apportée », peut-on lire dans le document.
Surfacturation et surfinancement des projets
Le rapport dénonce des projets surfacturés et surfinancés. C’est le cas notamment de la route Nzolana, reliant les quartiers Binza Pigeon et UPN, dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa. Pour la première phase, cette route a été construite sur 1,4 km, pour un coût de 15 millions USD en 2016. Autrement dit, 1 mètre de route aurait coûté près de 10 715 USD.
« Pourtant, la mercuriale des prix du ministère des ITPR fixe le coût de la construction profonde à 1,2 million USD par km », précise le rapport.
Outre cette surfacturation, la route a encore été surfinancée. D’après le rapport, « une nouvelle ligne de crédit de l’ordre de 24,4 millions USD a été créée au terme de la signature de l’avenant n°5, alors que la dernière phase a été réceptionnée (8,4 km) par le président Tshisekedi le 13 novembre 2023 ».
Le rapport révèle par ailleurs que le projet prévoyait initialement la construction de 4,50 km de l’avenue Lutendele à Kinshasa.
« Le projet a été clôturé en 2013, alors que moins de 2,80 km seulement de route ont été réhabilités. Pourtant, le montant décaissé pour les travaux s’élève à 19,9 millions USD », peut-on lire dans le document.
Pas d’études préalables avant l’exécution des travaux
Le rapport pointe également du doigt l’absence d’études préalables avant l’exécution des travaux. Cette situation a eu des conséquences telles que « la signature de nombreux avenants, dont l’impact budgétaire s’élève à 55,4 millions USD entre 2013 et 2018 ».
« La même situation pourrait se reproduire si le contrôle ne fonctionne pas », alerte Afrewatch. Selon l’ONG, la situation serait différente si le Parlement, autorité budgétaire, était pleinement associé à l’exécution des projets.
Dans cette optique, Afrewatch appelle la Cour des comptes et l’Inspection générale des finances (IGF) à procéder à un audit complet de la première phase de l’exécution des projets d’infrastructures réalisés entre 2008 et 2023.
Au Parlement, cette structure recommande d’organiser une mission d’évaluation et de contrôle parlementaire sur l’exécution du volet infrastructures et les exonérations accordées dans le cadre de la convention sino-congolaise.
Bruno Nsaka