L'escalade du conflit dans l'est de la République Démocratique du Congo a mis à rude épreuve les finances publiques du pays en plus de ses graves répercussions humanitaires et sociales, a révélé la mission des services du Fonds Monétaire International (FMI) qui a séjournée à Kinshasa du 30 avril au 13 mai 2025 dans le cadre des discussions relatives à la première revue du programme économique et financier soutenu par l'accord au titre de la Facilité élargi de crédit (FEC).
"Sur le plan budgétaire, l'escalade du conflit a beaucoup pesé sur les finances publiques. Des dépassements sur les dépenses publiques, liés à une forte augmentation des dépenses exceptionnelles de sécurité, des investissements publics et des transferts aux provinces et aux entités publiques, n'ont été que partiellement compensés par une bonne collecte des recettes budgétaires. Ainsi, le déficit budgétaire intérieur à fin 2024 a dépassé son plafond programmé", a dit Calixte Ahokpossi, chef de mission dans le communiqué du FMI rendu public mardi 13 mai 2025.
Depuis sa résurgence, la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda a mené des offensives dans l'Est du Congo surtout en ce début d'année déclenchant un nouveau cycle de violence dans un conflit qui dure depuis trois décennies. Avec l'aide de l'armée rwandaise, les rebelles sont parvenus à prendre le contrôle des villes de Goma et Bukavu en plus d’autres entités dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.
"Pour 2025, la fermeture des bureaux de perception des recettes dans la partie Est occupée du pays, combinée à l'exonération de la TVA et des droits de douane sur les produits alimentaires de base afin d'atténuer le coût de la vie, entraîne un manque à gagner sur les recettes budgétaires. Les pressions sur les dépenses se sont également accrues, les dépenses exceptionnelles de sécurité étant restées élevées jusqu'à fin avril 2025, et les salaires des militaires et des policiers ayant été doublés depuis mars afin de booster le moral des troupes", a fait remarquer la mission du FMI.
Malgré cette situation, révèle Calixte Ahokpossi, chef de mission du FMI, le gouvernement a réaffirmé son engagement vis-à-vis des objectifs du programme soutenu par la FEC, qui a été recalibré pour refléter les nouvelles réalités consécutives à l'intensification du conflit. Cela devrait contribuer à préserver la viabilité budgétaire tout en dégageant une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour faire face aux besoins urgents en matière de sécurité et d'aide humanitaire, sans pour autant évincer les dépenses prioritaires sociales et d'investissements publics, notamment en raison de la suspension d'une grande part de l'aide humanitaire extérieure.
La mission du FMI et les autorités de la RDC sont parvenues à un accord préliminaire au niveau des services sur la première revue du programme économique et financier triennal de la RDC soutenu par le FMI au titre de la FEC, sous réserve d’approbation par la Direction générale et le Conseil d’administration du FMI. L’examen du dossier par le Conseil d’administration du FMI est prévu pour fin juin 2025.
Alors que la violence dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) se poursuit, les conséquences ne sont pas toujours sécuritaires ou encore humanitaires, elles sont aussi économiques surtout dans le volet de la mobilisation des recettes de l'État. Invité à l'émission Fauteuil Blanc sur Télé 50, l'Inspecteur Générale des Finances et Chef de service à l'IGF Jules Alingete Key est revenu sur les conséquences néfastes de l’occupation des villes de Goma (Nord-Kivu) et Bukavu (Sud-Kivu) par la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda. À l'en croire, l'État perd 9% des recettes douanières et aussi 3% des recettes mobilisées par la Direction générale des Impôts (DGI).
Clément MUAMBA