Le débat sur l’instauration d’un État fédéral en République Démocratique du Congo, relancé par Olivier Kamitatu, ancien président de l’Assemblée nationale de transition (2003-2006) et actuel directeur de cabinet de Moïse Katumbi, continue de susciter des réactions au sein de la classe politique. Le parti Envol de l’opposant Delly Sessanga a, à son tour, pris position.
Dans une déclaration transmise à ACTUALITE.CD, le secrétaire général du parti, Rodrigue Ramazani, estime que la RDC évolue déjà dans un cadre proche du fédéralisme.
« Ceux qui prônent un État fédéral en RDC oublient que le pays fonctionne déjà sous un régionalisme constitutionnel, véritable antichambre du fédéralisme. Pourtant, depuis 2006, les dirigeants n’ont jamais su maîtriser les mécanismes d’une gestion efficace de l’État et des provinces », a-t-il déclaré.
Ramazani plaide pour une réforme en profondeur de la culture politique, un renforcement de la cohésion nationale, une gouvernance responsable ainsi que l’opérationnalisation de la décentralisation avant toute refonte de l’architecture de l’État. Il met en garde contre le risque que le fédéralisme, appliqué dans les conditions actuelles, n’aggrave les divisions et n’encourage les velléités de balkanisation.
Cette position rejoint celles exprimées précédemment par d’autres figures de l’opposition. Patrick Kanga, cadre du PPRD, avait rejeté la proposition de Kamitatu, estimant que la priorité reste l’application effective de la décentralisation telle que prévue par la Constitution de 2006. De son côté, André-Alain Atundu, ancien porte-parole de l’alliance pour la majorité présidentielle, a qualifié le projet fédéral de « cosmétique et inopportun », estimant qu’il n’apporte aucune solution concrète aux défis de gouvernance du pays.
Dans sa tribune, Olivier Kamitatu avait pourtant souligné l’inefficacité du modèle centralisé actuel face aux enjeux majeurs du pays : mauvaise gestion des ressources, pauvreté et conflits armés. Il a proposé un système fédéral articulé autour de cinq grandes régions – l’Orientale, l’Équateur, le Kasaï, le Katanga et le Kongo – dotées de gouvernements élus et de compétences élargies, notamment dans la gestion des ressources naturelles et l’élaboration de politiques publiques adaptées.
Samyr Lukombo