La réforme du secteur de la sécurité (RSS) est une priorité du président de la République et du gouvernement dans son programme d'actions dont le deuxième pilier vise le renforcement de la coordination du système de défense et de sécurité, a rappelé lundi 16 juin, Désiré Cashmir Eberande Kolongele, conseiller spécial de Félix Tshisekedi en matière de sécurité lors de la réunion du groupe consultatif sur la réforme du secteur de la sécurité.
En collaboration avec la Monusco, le conseil national de sécurité (CNS) a réuni des représentants des principaux ministères, des services de sécurité de l’État et plusieurs ambassadeurs. L’objectif est d'ouvrir un nouveau chapitre d'une série d’échanges autour de la réforme du secteur de la sécurité.
Bien que relevant de la responsabilité principale de l’Etat congolais, souligne Eberande Kolongele, la réforme du secteur de la sécurité, à l’instar de tous les Etats du monde, est appelée à bénéficier du concours de différents partenaires et amis du pays, animés par le souci d’appuyer les efforts de développement national.
"A court terme, la Commission de suivi de la RSS a pour ambition de doter la RDC aussi bien d’une politique de sécurité nationale que d’une stratégie de sécurité nationale. L’élaboration de cette politique de sécurité nationale, qui prendra en compte les consultations provinciales, va mettre à contribution toutes les parties prenantes au processus de la RSS, en l’occurrence la société civile, les institutions publiques, les femmes, les jeunes, les personnes vivant avec handicap, les institutions d’appui à la démocratie, le parlement, l’armée, la police, la justice, les autorités traditionnelles, les églises, le Gouvernement, les universités, les populations autochtones ", a déclaré le patron du CNS.
C’est dans cet esprit qu'il a rappelé que, par sa décision du 9 septembre 2024 et sous sa coordination, il a mis en place la Commission de suivi de la Réforme du Secteur de la Sécurité (CRSS), qui comprend quatre organes à savoir le Comité de coordination, le Groupe consultatif, le Groupe technique de travail et le secrétariat technique.
"J’ai le privilège de vous informer que vous êtes tous des membres du Groupe consultatif de cette Commission ainsi créée. Votre rôle demeure précieux pour le bon avancement de la Commission, grâce à vos conseils, vos suggestions et vos appuis aussi bien techniques, financiers que logistiques. Je suis convaincu, qu’en interne, chaque partenaire sera en mesure de délimiter sa part de soutien, d’indiquer les lignes particulières qu’il compte appuyer afin que la réforme du secteur de sécurité soit de plus en plus une réalité vivante et efficace en RDC. Pour raison de coordination, ces différents appuis pourront être signalés via la Division Etat de droit et Institutions de sécurité de la Monusco afin que la Commission de suivi de la RSS puisse valablement capitaliser positivement cette dynamique de coopération de nos partenaires ", a indiqué le conseiller spécial de Tshisekedi en matière de sécurité.
Eberande Kolongele a rappelé que la RDC a déjà réalisé des progrès considérables en matière de RSS, en particulier dans le secteur de la réforme de la police, de l’armée, de la justice, de l’administration pénitentiaire, etc. Toutefois, ces efforts ont été souvent affectés notamment par la disparité des priorités, par le non alignement adéquat de ces priorités, par la faiblesse des résultats au niveau opérationnel, et surtout par la situation des conflits armés récurrents que vit la RDC depuis de nombreuses années.
"D’où la nécessité et l’intérêt pour nous, aujourd’hui, de fédérer davantage les différentes initiatives et démarches existantes, à travers une coordination qui rassure toutes les parties prenantes au processus de la RSS, dont les partenaires internationaux que vous êtes. Quant au CNS, il continuera à assumer sa part de responsabilité. Dans ce contexte, je vous informe que des dispositions sont prises afin que, dans le prochain budget national, des lignes spécifiques soient consacrées au fonctionnement de la Commission de suivi de la RSS, car les tâches à réaliser sont énormes et ambitieuses " a rassuré le conseiller spécial du Chef de l'État en matière de sécurité.
Réforme du secteur de la sécurité bien coordonnée
Partenaire du gouvernement congolais, Bintou Keita, patronne de la Monusco, a salué l'organisation de cette rencontre. À l'en croire, cette rencontre intervient à un moment où les efforts de paix multiples enregistrent des avancées notables sur le terrain.
"La déclaration de principe signée à Washington entre la RDC et le Rwanda, ainsi que la médiation du Président Faure Gnassingbé et donc la médiation togolaise en cours, offrent des perspectives encourageantes. Ce contexte favorable nous invite donc à une réflexion approfondie sur l’état actuel de la réforme du secteur de la sécurité en RDC : ses progrès, ses défis, mais aussi ses opportunités à saisir. Une réforme inclusive et bien coordonnée du secteur de la sécurité est indispensable pour bâtir des institutions fortes, efficaces et responsables, qui garantissent la sécurité des citoyens et la souveraineté de l’État", a déclaré la représentante du SG de l'ONU en RDC.
Bien que le contexte politico sécuritaire reste complexe avec la situation dans l’est du pays, il est impératif d’asseoir dès à présent les bases solides d’une réforme pérenne.
"L’élaboration d’une politique de sécurité nationale qui définirait la vision nationale et les objectifs en matière de sécurité, ainsi que la définition d’une stratégie de réforme de la sécurité, constitueront un cadre structurant pour la mise en œuvre d’un plan d’action dès que les conditions le permettront. Cette politique de sécurité nationale servirait également d'instrument principal pour mieux harmoniser les ressources et coordonner l'appui à la réforme du secteur de la sécurité, permettant ainsi aux partenaires d'aligner leurs interventions sur les priorités nationales", a ajouté Bintou Keita.
La mise en œuvre d'une politique de réforme du secteur de la sécurité est essentielle pour plusieurs acteurs politiques et experts pour un retour durable à la paix dans l'Est de la RDC. Dans la perspective du départ de la Monusco, elle constitue une urgence absolue pour stabiliser définitivement le pays. C'est pourquoi la résolution 2666 du Conseil de sécurité, adoptée en décembre 2022, renouvelant le mandat de la MONUSCO, en avait fait une priorité. En effet, la réforme du secteur de la sécurité (RSS) a été identifiée comme l'un des domaines clés pour maintenir les acquis en matière de stabilisation de la situation politique et sécuritaire en RDC, promouvoir l'Etat de droit et la bonne gouvernance, et prévenir de nouveaux conflits.
Fort de son mandat 2765 (2024), la Monusco apporte un soutien stratégique et technique à la réforme du secteur de la sécurité, aux côtés de ses deux autres grandes priorités que sont la protection des civils et l’appui au programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRCS).
Clément MUAMBA