Le Rwanda n’apporte pas seulement l’appui militaire aux rebelles de l’AFC/M23 comme l’ont attesté plusieurs rapports internationaux. Ce pays joue également le rôle de régulation et de contrôle des contenus médiatiques dans les zones occupées par la rébellion. Ainsi, Kigali sélectionne les journalistes internationaux à accréditer en RDC, dans ses parties contrôlées par l’AFC/M23, mentionne un rapport de Human Rights Watch publié ce mercredi 12 mars.
« Plusieurs journalistes ont déclaré que Lawrence Kanyuka, le porte-parole de l’AFC, demandait aux journalistes étrangers de présenter une accréditation de presse rwandaise pour être autorisés à franchir la frontière pour rejoindre Goma.», souligne le rapport qui précise :
« Lawrence Kanyuka a indiqué à Human Rights Watch que les journalistes pouvaient accéder aux zones contrôlées par le M23 avec une accréditation de presse rwandaise ou ougandaise ».
Ce qui renforce la thèse des soutiens fermes du Rwanda et de l’Ouganda aux rebelles de l’AFC/M23 même si Kinshasa ne l’a jamais déclaré officiellement pour le régime de Kampala.
Des actions coordonnées par des hauts responsables du régime rwandais
La proximité frontalière entre la RDC et le Rwanda est mise en contribution par les autorités rwandaises pour tout contrôler à Goma ainsi que dans le reste des zones occupées par la rébellion. Le Rwanda est la voie obligatoire à emprunter pour entrer actuellement à Goma pour toute personne venant de l’extérieur. « L’aéroport de Goma étant fermé, toutes les personnes se rendant à Goma doivent passer par le Rwanda », précise le rapport.
Ainsi, des journalistes étrangers se rendant à Goma pour assurer la couverture médiatique sont sélectionnés et accrédités par les services rwandais. Ils sont même tenus de dévoiler les sujets qui feront objet de couverture. Ce travail est directement supervisé par le gouvernement de Kigali, selon le rapport de HRW. L’ancien ambassadeur du Rwanda à Kinshasa, Vincent Karega est également impliqué dans cette tâche.
« Des témoins ont expliqué avoir vu des hauts responsables rwandais, y compris des membres du Service du Porte-Parole du Gouvernement rwandais, et Vincent Karega, ambassadeur itinérant du Rwanda pour la région des Grands Lacs, à Gisenyi, au Rwanda, organiser des transferts de journalistes à Goma », révèle le rapport.
Pour HRW, « la décision du Rwanda de traiter les accréditations de presse pour les zones contrôlées par le M23 est révélatrice de la proximité du pays avec le groupe armé ».
Les montants à débourser pour ces accréditations varient entre 500 et 1000 USD. « Des sources ont déclaré que Lawrence Kanyuka avait demandé à certains journalistes de remplir un formulaire détaillé, examiné par Human Rights Watch, recueillant notamment des informations sur le sujet et la nature de leurs reportages et les lieux où ils souhaitaient travailler. Lawrence Kanyuka a indiqué à Human Rights Watch que les sommes versées pour l’accréditation ne dépassaient pas 500 dollars USD », note le rapport.
Cependant, des sources ont affirmé à HRW que Lawrence Kanyuka avait exigé des paiements pour l’accréditation allant de 600 à 1 000 dollars, « ce que Lawrence Kanyuka a confirmé », d’après le rapport.