La RDC appelle le Conseil des droits de l’homme à tenir le Rwanda responsable de crimes de guerre et crimes contre l’humanité

Photo d'illustration
Le Président rwandais Paul Kagame

Au cours de la session extraordinaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU tenue ce vendredi 7 février, la RDC a fait avancer son récit diplomatique dans la crise sécuritaire dans sa partie Est orchestrée par le Kigali, avec ses troupes RDF et un soutien actif aux groupes rebelles dont le M23. Par le biais de Patrick Muyaya, ministre de la communication et médias, et porte-parole du gouvernement congolais, la RDC a demandé au Conseil de tenir le Rwanda responsable des crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

“Nous appelons ce Conseil à tenir le Rwanda responsable de ses crimes de guerre et de ses crimes contre l’humanité notamment le dépeuplement forcé des populations, et leur remplacement par d’autres, ainsi que la nomination de nouvelles autorités administratives dans le but d’occuper définitivement ces territoires. Il est urgent d’exercer une pression internationale pour que le Rwanda cesse immédiatement son soutien à ces groupes armés et se retire immédiatement du territoire Congolais ”, a dit Patrick Muyaya; ministre de la communication et porte-parole du gouvernement.

Pour Kinshasa, en soutenant activement les groupes armés, le Rwanda porte une responsabilité directe dans ces violations, exposant ainsi les civils à des souffrances inimaginables. D'après les chiffres de l'ONU, l'offensive ayant conduit à l'occupation de Goma a causé la mort d'au moins 3 000 personnes et fait plus de 3 000 blessés. 

“Les attaques ciblant les civils, les déplacements forcés et les attaques contre les camps de personnes déplacées internes témoignent d’une brutalité inacceptable, étayée par des atrocités indescriptibles, notamment des meurtres, des viols d’au moins 200 femmes, des massacres et le recrutement forcé d’enfants conduits dans des centres de formations à Rutshuru et ailleurs”, a ajouté Patrick Muyaya au Conseil des droits de l’homme.

La situ ation sur le terrain, particulièrement à Goma, est catastrophique sur le plan humanitaire pour la population, victime collatérale des affrontements violents entre l’armée congolaise et les rebelles. Des milliers de blessées sont sans soins adéquats, certains nécessitant une évacuation afin de réduire le risque de propagation d’épidémies telles que le choléra et Mpox dans une ville traumatisée dont certaines rues ont été transformées en cimetières.

Par ailleurs, la RDC se dit prête à poursuivre les efforts de paix et demande le soutien de la communauté internationale.

“La République Démocratique du Congo reste pleinement engagée dans la recherche de la paix et de la stabilité. Nous réaffirmons notre volonté de travailler de manière constructive avec tous les acteurs régionaux et internationaux. Mais il est impératif que la communauté internationale soutienne fermement nos efforts pour mettre fin à cette crise de protection et à la souffrance de notre peuple dans la partie Est de notre pays ”, a dit le porte-parole du gouvernement congolais.

Responsabiliser le Rwanda de crimes de guerre et crimes contre l’humanité

La démarche de la RDC de demander au Conseil des droits de l’homme de reconnaître le Rwanda auteur des crimes de guerre et crimes contre l’humanité renvoie à la considération du pays de Paul Kagame comme ayant commis les plus graves infractions du droit international qui sont punissables par les tribunaux internationaux et nationaux. 

Les personnes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité peuvent être poursuivies devant des tribunaux nationaux ou internationaux, tels que la Cour pénale internationale (CPI). La responsabilité pénale peut être individuelle, pour les auteurs directs, ou commanditaires, pour ceux qui ont ordonné ou planifié ces crimes.

Par ailleurs, le Bureau du Procureur (OTP) de la Cour pénale internationale (CPI) a réitéré son appel à la coopération et à la transmission d’informations sur la situation en République démocratique du Congo (RDC), en particulier sur les crimes présumés commis dans le Nord-Kivu depuis janvier 2022. L’enquête relancée en octobre 2024 sous l’autorité du procureur Karim A.A. Khan KC, se poursuit avec urgence, notamment face à l’intensification des violences récentes à Goma et ses environs. Des sources crédibles font état de centaines de morts et de milliers de blessés, incluant des civils et des Casques bleus, en raison des affrontements entre les Forces armées de la RDC et le M23 ainsi que leurs alliés.

L’OTP a confirmé que la situation actuelle à Goma fait partie intégrante de son enquête et qu’elle vise tous les auteurs présumés de crimes, sans distinction d’affiliation ou de nationalité. Le Bureau du Procureur exhorte toutes les parties concernées – victimes, témoins, organisations nationales et internationales, société civile, journalistes et autorités – à fournir toute information pertinente pouvant aider à établir les faits et à rendre justice aux victimes.

Kuzamba Mbuangu