Les sommets extraordinaires de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et de la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), tenus respectivement les 29 et 31 janvier, ont mis en évidence des divergences notables dans leur approche de la crise en République démocratique du Congo, bien qu’un consensus se dégage sur la nécessité d'une coordination entre les deux organisations.
Un diagnostic commun, mais des perspectives différentes
Les deux blocs régionaux reconnaissent la gravité de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. Les attaques du M23 et leurs répercussions humanitaires ont été au centre des discussions dans les deux sommets. L'EAC et la SADC s’accordent sur l’urgence de restaurer la paix et d’assurer l’acheminement de l’aide humanitaire aux populations affectées.
Toutefois, la SADC adopte une posture plus ferme en condamnant explicitement les attaques du M23 et des Forces de défense rwandaises (RDF) contre les forces congolaises et la mission régionale SAMIDRC. Elle insiste sur la nécessité d’un soutien militaire accru aux FARDC et à la SAMIDRC, avec l’envoi urgent de ministres de la Défense et de chefs d’état-major pour renforcer la mission. En revanche, l’EAC évite toute mention directe du Rwanda et du M23 en tant que forces agresseuses, et met davantage l’accent sur la protection des diplomates et des missions étrangères à Kinshasa.
Divergences sur la solution politique
La SADC privilégie une approche militaire et diplomatique combinée en soutenant les processus de Luanda et de Nairobi, tout en insistant sur le rôle de ses troupes sur le terrain. L’organisation souligne que son engagement militaire en RDC a pour but de protéger l’intégrité territoriale du pays et réaffirme son soutien à Félix Tshisekedi.
De son côté, l’EAC met en avant la négociation directe entre Kinshasa et les groupes armés, y compris le M23. Le communiqué de l’EAC exhorte la RDC à "engager un dialogue avec tous les acteurs, y compris le M23 et d’autres groupes armés qui ont des revendications", une proposition à laquelle Kinshasa s’oppose catégoriquement.
Vers une coordination entre la SADC et l’EAC ?
Malgré ces divergences, les deux organisations ont convenu de tenir un sommet conjoint dans les prochains jours pour coordonner leurs approches. L’EAC a mandaté son président en exercice pour consulter la SADC afin de fixer la date de cette réunion.
Cette volonté de concertation laisse entrevoir une tentative de rapprochement entre les deux organisations régionales, mais les différences dans leur approche risquent de compliquer la mise en œuvre d’une réponse unifiée face à la crise sécuritaire et politique en RDC.