Face à la détérioration de la situation sécuritaire à Goma, le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, a ordonné au gouvernement de lui soumettre, sous 72 heures, des mesures strictes de réduction des dépenses publiques afin de soutenir l’effort de guerre. Cette annonce a été faite lors du Conseil des ministres tenu ce vendredi 31 janvier à la Cité de l’Union Africaine.
Cette décision s’inscrit dans la continuité de son adresse à la nation, alors que la ville de Goma est sous occupation des rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Selon le chef de l’État, ces mesures visent à mobiliser davantage de ressources pour les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).
« Le Président de la République a engagé le gouvernement et son cabinet à lui soumettre, dans les 72 heures, des mesures rigoureuses de réduction des dépenses des institutions publiques. Ces coupes budgétaires concerneront les frais de fonctionnement et les interventions économiques de la Présidence, du Parlement, du gouvernement, du pouvoir judiciaire ainsi que des institutions d’appui à la démocratie », rapporte le compte rendu de la réunion.
Les rémunérations des mandataires publics, des membres des cabinets politiques et du pouvoir judiciaire seront également revues à la baisse.
En plus des coupes budgétaires, toutes les missions et évacuations sanitaires non essentielles à l’étranger seront suspendues. Félix Tshisekedi a également ordonné l’annulation des subventions non prioritaires à certains organismes publics et l’interdiction des nouvelles acquisitions pour les institutions judiciaires et assimilées.
« Pour une durée de douze mois, toutes les augmentations salariales, corrections de grade et mécanisations des agents publics – à l’exception des militaires et policiers – seront suspendues, sauf dérogation spéciale », précise le compte rendu.
Le Président a insisté sur la nécessité pour les institutions publiques et leurs animateurs d’adopter un train de vie plus sobre. Il a souligné que la République traverse une épreuve cruciale menaçant son intégrité territoriale et l’avenir des Congolais.
« Il est de notre devoir, en tant que citoyens, de nous unir et de participer activement à l’effort de guerre, en apportant notre soutien matériel, moral et spirituel à nos forces de défense et de sécurité », a déclaré Félix Tshisekedi.
Ces économies permettront notamment d’octroyer une prime exceptionnelle aux militaires, policiers et volontaires Wazalendo engagés sur le front, ainsi que d’assurer leur couverture sanitaire et celle de leurs familles.
Le chef de l’État a également exhorté le secteur privé à jouer un rôle clé dans cet effort national.
« Le Président de la République a invité le secteur privé à contribuer en faisant des dons et en constituant des fonds pour soutenir directement nos Forces Armées et les populations déplacées », précise le document.
Les excédents de trésorerie générés par ces contributions seront versés au compte général du Trésor, et des mécanismes seront mis en place pour permettre à chaque Congolais de participer financièrement à l’effort de guerre. Un rapport hebdomadaire détaillé sera présenté au chef de l’État sous la supervision de la Première ministre, en coordination avec le ministre du Budget et le ministre des Finances.
La situation sécuritaire, humanitaire et économique à Goma demeure préoccupante, après plusieurs jours de combats entre les FARDC et les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise. Dans son discours à la nation, Félix Tshisekedi a affirmé la mise en place d’une riposte vigoureuse pour tenter de reprendre les localités occupées par la coalition M23-AFC-RDF.
Malgré les appels répétés de la Communauté internationale et des pays de la région en faveur d’un retour aux négociations, la situation reste bloquée, notamment après l’annulation de la réunion tripartite de Luanda. Tandis que Kinshasa continue de croire en cette initiative, Paul Kagame semble s’en éloigner, multipliant ces derniers temps les critiques à l’encontre de ce processus piloté par l’Angola.
Clément MUAMBA