Dans la commune de Lemba, le long de certaines artères du quartier Salongo, non loin du Rond-point Ngaba, on trouve plusieurs kiosques de la société Winner Bet, l'un des paris sportifs les plus populaires de la ville. Plusieurs personnes encerclent ces kiosques. Parmi elles, des jeunes filles et des mères de famille.
En 2023, une étude de fin de cycle, réalisée à l’Université de Kinshasa, a révélé qu’environ 35% des joueurs du Winner étaient des femmes, un pourcentage en nette augmentation par rapport aux années précédentes où elles représentaient moins de 20%. Qu'est-ce qui motive ces femmes à s'adonner à ce jeu ? Et quelles en sont les conséquences sociales, tant au niveau individuel que collectif ?
Afin de répondre à ces questions, le Desk Femme d’Actualite.cd a rencontré quelques joueuses ce mardi 21 janvier 2025, pour mieux comprendre leurs motivations et les enjeux sociaux qui y sont associés.
Pour certaines, le jeu représente un moyen de se divertir et de briser la monotonie de la vie quotidienne. D’autres, en revanche, y voient une opportunité de changer leur situation en quête d'un gain rapide.
Sophie Asha, 36 ans vendeuse ambulante au marché du Rond-point Ngaba, témoigne : « Au début, c'était juste pour passer le temps. Mais après quelques victoires, j’ai commencé à rêver d'une vie meilleure. C’est difficile de vivre dignement ici, et avec le Winner, je peux espérer plus. »
Marie-Claire Mongereza, 28 ans, entrepreneuse dans le secteur de la vente de produits cosmétiques , met en avant les aspects sociaux du jeu : « Ce n'est pas seulement une question d'argent. Au Winner, on se retrouve, on échange, et surtout, on a le sentiment d’être un peu plus en contrôle de notre destin. »
Madeleine Elolo, étudiante à l’UPN, explique également sa motivation : « J'ai commencé à jouer il y a presque un an à cause de mes difficultés financières. Je n'avais pas assez d'argent pour subvenir à mes petits besoins. Le Winner m’a permis de voir la vie autrement. Même si c’est risqué, il y a des moments où je gagne, et cela me motive à continuer. »
Viviane Lekuya, 45 ans, commerçante, abonde dans le même sens : « Ce sont mes enfants qui m'ont initiée à ce jeu. Au départ, c’était juste pour m'amuser. Mais aujourd’hui, je le vois comme une opportunité d’améliorer mes affaires. Quand je gagne, je réinvestis dans mon commerce. C’est une manière de prendre en main mon avenir sans dépendre des autres. »
Sarah Bisosa, 27 ans, étudiante, déclare : « Pour moi, le Winner est un moyen d’échapper à la pression des études et de la vie quotidienne. C’est un petit moment de plaisir, même si je sais que c’est un jeu de hasard. J’espère qu’un jour, je pourrai gagner une grosse somme pour réaliser mes projets. »
Isabelle Cibola, 38 ans, licenciée en lettres, ajoute : « Le Winner m’aide à gérer certaines petites dépenses de la maison. Avec l'inflation et les difficultés économiques, ce jeu est devenu une manière d'espérer avoir un peu plus. Bien sûr, il y a des risques, mais parfois, un petit gain suffit à tout changer. »
Édith Moza, 23 ans, souligne à son tour l’aspect social : « Je joue surtout pour la convivialité. Beaucoup de femmes se réunissent autour de ce jeu, et c’est un moment de partage. Certes, il y a des gains possibles, mais c’est surtout l’aspect social qui me plaît. Parfois, une petite victoire me permet de faire plaisir à ma famille. »
Ces témoignages révèlent que, derrière l’engouement de femmes pour le Winner, il y a une recherche d’évasion, d'amélioration des conditions de vie, et, dans certains cas, un besoin de changement social.
Nancy Clémence Tshimueneka